Quentin Tarantino, 56 ans, est comme un enfant inconsolable dont on aurait cassé les jouets. Élevé en partie à Los Angeles, nourri aux séries télévisées et aux films des années 1950-1960, il s'acharne à retrouver ce temps perdu, non tel qu'il a été mais tel que sa mémoire et son imagination en ont gardé ou recréé les traces.
On s'en voudrait de gâcher le plaisir du futur spectateur de « Once Upon a Time… in Hollywood », qui sortira en France le 14 août, en en révélant le cœur. Le cinéaste a d'ailleurs supplié les privilégiés de Cannes de ne pas le faire, au nom de l'amour du cinéma (surtout ne pas consulter Internet avant d'aller voir le film). Qu'il suffise de dire qu'il a pour personnages principaux un acteur qui a connu des jours meilleurs (Leonardo DiCaprio) et sa doublure pour les cascades (Brad Pitt).
Tarantino s'en donne à cœur joie avec l'évocation caricaturale et colorée du cinéma populaire et de sa violence de bande dessinée. Les acteurs aussi, qui jouent à être mauvais (de façon un peu trop convaincante ?).
On ne va donc pas spoiler (pardon, divulgâcher) le propos fondamental du film. Qui fait sourire, souvent, mais met aussi mal à l'aise. Jusqu'à ce qu'on comprenne, aux dernières images, où Tarantino voulait en venir. Alors on lui pardonne. Sans être sûr de vouloir vraiment recommander sa réécriture hollywoodienne.
La lutte des classes
Le Sud-Coréen Bong Joon Ho demande lui aussi qu'on en dise le moins possible sur son 7e film, « Parasite », en salles dès le 5 juin. Il est vrai que de nombreux rebondissements rythment ce que le cinéaste sud-coréen décrit comme « une comédie sans clowns, une tragédie sans méchants » (déjà un gros indice !).
« Parasite » est aussi à sa manière politique, puisqu'il tourne autour de la lutte des classes et du fossé qui ne cesse de se creuser entre riches et pauvres. Ces derniers sont personnifiés par une famille qu'on découvre dans son misérable entresol : le père et la mère ne travaillent pas, ou plus, le fils et la fille ont raté le concours d’entrée à l’université, ils survivent de petits boulots et de combines. Jusqu'à ce que le fils soit chargé de donner des cours d'anglais à la jeune fille d'une riche famille. Pour être inattendu, l'enchaînement des événements sera implacable. C'est tout l'art du cinéaste d'« Host », « Snowpiercer » et « Okja ».
Hors du temps
« Frankie » : autour d'une actrice française (Isabelle Huppert, qui d'autre ?), un jour de vacances familiales dans le cadre idyllique de Cintra, au Portugal. Un jour seulement, pour un film qui semble hors du temps, comme un Rohmer des années 1970 ou une élégie de Manoel de Oliveira.
Que se passe-t-il pendant cette journée ? Pas grand-chose. Sauf que l'actrice est condamnée à court terme par le cancer et qu'autour d'elle chacun à sa manière peine à envisager l'avenir : son mari anglo-saxon (Bredan Gleeson), son amie new yorkaise (Marisa Tomei), son fils éternel insatisfait (Jérémie Rénier), la fille en crise conjugale du mari (Vinette Robinson), le premier époux français (Pascal Greggory). Et encore la fille adolescente de la fille et l'ami de l'amie (Greg Kinnear).
Entre mélo et analyse ironique de ce qui fait un couple, Ira Levin diffuse une petite musique intime qui finit par toucher, même si on n'est pas convaincu que « Frankie » était fait pour la compétition cannoise. Sortie en France le 28 août.
Dans les salles
Une demi-douzaine de films sélectionnés à Cannes sont déjà dans les salles. Outre « Douleur et Gloire », de Pedro Almodovar, à ne pas manquer, « Sibyl » (Justine Triet), « le Jeune Ahmed » (les frères Dardenne), « The Dead Don't Die » (Jim Jarmusch) et « les Plus Belles Années d'une vie » (Claude Lelouch). Mercredi sortira le biopic d'Elton John, « Rocketman ».
Peu de nouveautés se risqueront cette semaine face aux œuvres cannoises : deux comédies françaises, « Venise n'est pas en Italie », d'Ivan Calberac, avec Benoît Poelvoorde et Valérie Bonneton, et « Ni une, ni deux », d'Anne Giafferi, avec Mathile Seigner dans un double rôle ; et le blockbuster américain « Godzilla II roi des monstres ».
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