Prescrire une activité physique adaptée au senior

Les clés du sport sur ordonnance

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Publié le 09/11/2017
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activité physique adaptée

activité physique adaptée
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Dans le champ de l’activité physique adaptée, « le rôle du médecin est d’abord d’identifier les grandes fonctions déficitaires du patient qui pourront être compensées et améliorées par la pratique d’une APA », résume le Pr Xavier Bigard, président de la Société française de médecine du sport (SFMES).

Il convient au préalable de sensibiliser le patient à la notion de rupture de sédentarité tout en lui formulant des conseils dans le but d’augmenter sa mobilité active. « Chez le senior, ce sont des messages extrêmement importants à transmettre », insiste le Pr Bigard. Puis avant toute orientation du patient vers un programme d’activité physique adaptée à ses limitations fonctionnelles et facteurs de risques individuels, l’examen médical recherchera l’absence de contre-indication absolue. Dans un second temps, la consultation doit permettre d’évaluer les limitations fonctionnelles sur la base d’un questionnaire, ainsi que la capacité cardiorespiratoire et la fonction musculaire grâce à des tests simples à réaliser en cabinet. Vient ensuite l’entretien motivationnel qui est l’occasion d’agir sur les éventuels freins à une pratique d’activité physique. Dans son courrier d’orientation aux professionnels de l’activité physique qui prendront en charge le senior, le médecin inclut des indications reposant essentiellement sur le développement de l’endurance, des forces musculaires des membres supérieurs et inférieurs, du maintien de l’équilibre ou des fonctions cognitives.

Sport à la carte

Aux yeux du Pr Bigard, cette démarche de prescription d’APA nécessite de former davantage les médecins pour orienter au mieux le patient vers une activité physique lui permettant de corriger son déficit, d’améliorer son autonomie, son état clinique et sa qualité de vie. Après la prescription, vient la phase d’élaboration du programme d’APA par un professionnel habilité. « On part du principe que presque toute activité est possible dès lors qu’on l’adapte aux capacités de la personne. Les aménagements sont multiples, c’est vraiment au cas par cas », indique Joffrey Humbert, responsable de la commission seniors au sein de la Société française des professionnels en activité physique adaptée (SFP-APA). Ainsi, « chez une personne âgée en fauteuil qui veut faire du volley-ball, on va adapter une pratique assise en abaissant la hauteur du filet et en utilisant un ballon plus léger et un peu plus volant », illustre l’enseignant en APA.

Patients ALD

Alors que le décret du 30 décembre 2016 relatif à la prescription d’APA au patient ALD met le médecin traitant au cœur du dispositif, certains craignent « l’usine à gaz » à l’image du Dr Yannick Schmitt, médecin généraliste et vice-président du syndicat ReAGJIR qui prescrit de l’activité physique à Strasbourg dans le cadre du dispositif local de sport santé sur ordonnance. Il juge ce décret ALD « peu applicable » pour le médecin traitant, s’agissant en particulier de l’évaluation préalable du patient et de son orientation. Le Pr Bigard estime, pour sa part, que cet arrêté a déjà le mérite de créer une dynamique positive. « De très nombreuses villes ont déposé des projets d’activité physique prescrite auprès des ARS. On voit des expérimentations qui se développent. On est régulièrement sollicité par des médecins généralistes pour organiser des formations et des DU de prescription d’activité physique commencent aussi à se créer dans quelques universités », explique-t-il. Bref, « même si les chantiers sont nombreux, les choses avancent », conclut-il.

David Bilhaut

Source : Le Quotidien du médecin: 9617