Jusqu’au milieu des années quatre-vingt, devant une lombalgie chronique le traitement, c’était le repos. La consigne médicale était catégorique. Elle ne supportait aucune contestation.
En 1985 aux USA, Tom G. Mayer décrit le syndrome de déconditionnement à l’effort dans les lombalgies chroniques. Il associe incapacité fonctionnelle, perte de la flexibilité du rachis, inhibition neuromusculaire et désadaptation cardiovasculaire à l’effort. Mayer et ses collaborateurs démontrent (1) que la perte de force musculaire est un facteur majeur de ce syndrome. Prenant le contre-pied des consignes habituelles, ils conseillent de mobiliser les lombalgiques ! Résultat, les patients s’améliorent sur le plan fonctionnel et souvent voient leurs douleurs diminuer.
« Ce concept de réentrainement à l’effort a été importé en France à la fin des années quatre-vingt par le Pr Michel Revel (Cochin), se souvient le Pr François Rannou, mais cette approche a rencontré de nombreuses résistances. Elles viennent tout juste de se lever ».
La réussite médicoéconomique à la clé
Dans la lombalgie chronique, le déconditionnement à l’effort est à la fois physique, psychique et social, ces patients étant très souvent en arrêt de travail prolongé. Les programmes de reconditionnement développés initialement dans la lombalgie chronique associent donc au réentrainement physique, un reconditionnement psychique et social.
À qui s’adresse ce reconditionnement à l’effort ? « Il est aujourd’hui indiqué dans la lombalgie chronique et la cervicalgie après un bilan lésionnel précis. Mais ses indications s’élargissent aux douleurs chroniques quelle que soit l’origine de la douleur et à l’après-chirurgie cardiaque (avec dans ce cas un reconditionnement uniquement physique) », précise le Pr Rannou.
De nombreux services de suite et de réadaptation (SSR) ou de médecine physique et de réadaptation (MPR) proposent des programmes de reconditionnement à l’effort. Plusieurs schémas existent, certains très lourds (tous les jours, sur 4 à 5 semaines) d’autres plus légers (2 jours par semaine pendant 2 à 3 semaines), sachant qu’une prise en charge allégée ne donne pas obligatoirement de moins bons résultats. Un contrat est passé avec les patients (un peu comme avec les patients anorexiques) : le but du réentrainement est de reprendre le travail (si besoin de façon progressive, par un mi-temps thérapeutique).
Un lombalgique en arrêt de travail depuis un an a en effet 10 % de chances de retravailler un jour quel que soit son âge et ses chances sont quasiment nulles au-delà de 2 ans d’arrêt de travail. Lorsque le reconditionnement à l’effort réussit, ces patients en arrêt de travail depuis des mois revivent et se resocialisent. Environ 70 % des lombalgiques chroniques réussissent à retourner au travail après un reconditionnement à l’effort, ce qui sur le plan médicoéconomique est remarquable.
« Si vous avez des patients lombalgiques, cervicalgiques ou douloureux chroniques en arrêt de travail prolongé, pensez aux structures proposant ces programmes de reconditionnement à l’effort. Elles peuvent changer la vie de vos patients », conclut le Pr Rannou.
(1) T.G. Mayer et al., Spine,1985;10 (8):765-72
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série