* Acteur familier vu et apprécié dans une quarantaine de films belges et français, signés entre autres Delépine-Kervern ou Dupontel, Bouli Lanners est aussi réalisateur et scénariste. Après son « cycle auteuriste », selon ses termes (quatre films sélectionnés à Berlin et à Cannes, « Ultranova », « Eldorado », « les Géants », « les Premiers, les Derniers »), il a eu envie de réaliser un vieux fantasme, faire un film en Écosse, pays qu'il adore et où il va chaque année. Précisément sur l'austère et magnifique île de Lewis, où règnent encore l'Église presbytérienne et une culture gaélique très forte. Bénéfice secondaire, tourner en anglais ouvre un public plus large. Ce sera « Nobody has to know », titre original plus adapté que le bateau « l'Ombre d'un mensonge ». Et ce sera une histoire d'amour, dont on ne dévoilera pas les ressorts, entre, autre audace, une femme et un homme de 50-60 ans. Les deux comédiens, Michelle Farley et Lanners lui-même, ont été justement primés au festival de Chicago. Sachant que le personnage principal est sans doute Lewis, avec sa communauté, dont on devient nous aussi amoureux. Austérité et lyrisme font bon ménage.
* Ici la présidente ne se représente pas (on découvrira qu'elle est malade). À trois jours de l'élection, son successeur désigné est menacé par des révélations orchestrées depuis la Russie et le candidat d'extrême-droite a des chances de gagner. Dans « le Monde d'hier » (titre emprunté à l'autobiographie de Stefan Zweig rédigée en 1941, dans laquelle il évoque l'Europe d'avant 1914 puis les nationalismes et « la défaite de la raison »), la fiction trouve bien des échos avec la situation politique de la France actuelle ou récente – et sort donc opportunément le 30 mars, à 11 jours de la présidentielle. Diastème (qui avec « Un Français », en 2015, parlait déjà de l'extrême-droite, à son sens « le plus gros problème de notre société à court terme ») a chargé la barque, mais rien n'est invraisemblable (sauf peut-être la personnalité de la présidente, trop positive) et le suspense fonctionne. Grâce aux interprètes, Léa Drucker en tête, ambiguë et torturée à souhait, Denis Podalydès, à l'aise dans tous les rôles (celui du très puissant Secrétaire général de l'Élysée), Alban Lenoir, sobre dans les basses œuvres, Benjamin Biolay, Premier ministre au bout du rouleau.
Et aussi
Autre monde d'hier, celui de « Bruno Reidal », paysan du Cantal meurtrier à 17 ans, en 1905, d'un garçon de 12 ans. Vincent Le Port s'inspire du rapport médico-légal dirigé alors par le Pr Alexandre Lacassagne (fondateur de l'anthropologie criminelle), dont on peut retrouver la version intégrale dans « Enquête sur un cas de folie meurtrière », publié par Capricci Films, accompagné par un entretien avec le réalisateur.
L'histoire, encore, avec « De nos frères blessés », d'Hélier Cisterne d'après le roman de Joseph Andras, dans lequel Vincent Lacoste incarne Fernand Iveton, ouvrier communiste et anticolonialiste guillotiné à Alger le 11 février 1957, pour une bombe déposée dans une usine après le départ des ouvriers (un sabotage, il ne voulait tuer personne). Il y eut 222 guillotinés pendant la guerre d'Algérie, mais, souligne Pierre Vidal-Naquet, « il fut le seul Européen à mourir du fait d'une décision de justice rendue au nom du peuple français ». Avec Vicky Krieps dans le rôle d'Hélène Iveton.
Et le passé toujours, mais joyeux, avec « le Temps des secrets », de Christophe Barratier, la suite des souvenirs de Marcel Pagnol après « la Gloire de mon père » et « le Château de ma mère » (Marcel en vacances du côté d'Aubagne en 1905, à la fin du primaire).
Parmi les autres sorties du 23 mars, on retiendra « Une mère », premier long métrage de la scénariste Sylvie Audcoeur, avec Karine Viard en mère confrontée à l'agresseur de son fils, tué à 17 ans dans une rixe ; et « la Brigade », comédie sociale de Louis-Julien Petit (« les Invisibles »), avec Audrey Lamy qui se rêve en chef et se retrouve cantinière dans un foyer pour jeunes migrants. Sans oublier « Ambulance », de Michael Bay, pour parcourir à une vitesse folle les rues de Los Angeles à la suite d'un braquage raté, en compagie de Jake Gyllenhaal.
Le 30 mars, on attend avec impatience « En corps » de Cédric Klapisch, sur une danseuse classique de 25 ans qui doit renoncer à ses espoirs après une blessure mais va trouver d'autres bonheurs de danse (Marion Barbeau, membre du Ballet de l'Opéra, François Civil et Pio Marmaï). De la curiosité pour « Azuro », d'après « les Petits Chevaux de Tarquinia », de Marguerite Duras, tiré vers la comédie par Matthieu Rozé (une bande d'amis l'été, un inconnu qui suscite le désir). Et puis une version de « Cyrano » en comédie musicale signée Joe Wright, avec Peter Dinklage (acteur de petite taille, pour cause d'achondroplasie), et le dernier héros Marvel en date, « Morbius », incarné par Jared Leto.
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