Plutôt l’Est que l’Ouest

Yolande Moreau s’en va-t-en Chine. Zoltán Meyer, photographe et auteur d’un documentaire, l’a voulue pour son premier film de fiction, pour incarner cette « femme française, extraite de son univers athée et rationnel, (qui) rencontre au cours d’un voyage a priori tragique une forme de spiritualité et d’apaisement ».

Liliane, qui est infirmière, doit aller jusqu’au Sichuan pour rapatrier le corps de son fils, mort dans un accident. Un voyage initiatique pour cette femme à la vie terne au côté d’un mari difficile et qui n’avait pas vu son fils depuis longtemps. Le mérite du cinéaste, outre le choix de Yolande Moreau, est de filmer la Chine et ses habitants loin de tout exotisme et de toute vision touristique : on partage le regard de cette femme en deuil, qui voit ce qui l’entoure sans curiosité aucune mais va se laisser gagner par une certaine vision de la vie et de la mort.

Zoltán Meyer, qui partage l’adage des Chinois selon lequel « Il faut faire beaucoup avec peu », compose ses plans en photographe et on a le temps d’admirer la beauté des paysages comme l’ambiance d’une cérémonie ou simplement la complicité de la Française et de sa logeuse chinoise en train de cuisiner. Un peu d’humour tempère la tristesse du sujet et la chaleur humaine est au rendez-vous de ce beau film sensible et hors des sentiers battus.

Tout ce qui brille...

Dans un tout autre genre, « Diversion », écrit et réalisé par Glenn Ficarra et John Requa, se situe dans la veine hollywoodienne des films d’arnaque et ne réserve pas de grandes surprises. Conseillés par un arnaqueur professionnel, les cinéastes mettent en scène non sans dextérité les nombreux trucs utilisés par une bande de pickpockets menée par Will Smith et agrémentée par la sexy Margot Robbie. De la Nouvelle Orléans au moment du carnaval à Buenos Aires où se déroule un grand prix de formule 1, certaines scènes ne manquent pas de panache et les arnaques qui se succèdent sont souvent amusantes, à défaut d’être toujours vraisemblables. Mais on se lasse de ces univers artificiels et des faux rebondissements de la relation de personnages sans nuances.

Et aussi

Parmi les autres sorties de la semaine, on citera « À trois on y va », de Jérôme Bonnell, dans lequel les deux membres d’un jeune couple tombent amoureux de la même femme (avec Anaïs Demoustier, Félix Moati et Sophie Verbeeck). « Cendrillon » est de retour, en chair et en os, filmée par Kenneth Branagh sous l’égide de Disney, avec Cate Blanchett dans le rôle de la marâtre. Plus original, « Dear White People », comédie satirique sur ce que cela signifie d’être Noir aux États-Unis, pour laquelle le jeune Justin Simien s’est servi de son expérience lorsqu’il était étudiant.