Depuis cinq ans, le Dr Davide Lazzeri visite les musées pour détecter les maux cachés dans les couleurs des tableaux.
« Mon métier me pousse à chercher les défauts, une main posée d’une certaine façon, un nez imparfait, un ovale du visage qui a perdu sa fraîcheur, automatiquement, j’ai commencé à observer les tableaux d’une autre façon, comme le corps d’un patient », confie le chirurgien esthétique.
Ses découvertes ont remis en question l’interprétation faite par la critique en obligeant les spécialistes à revoir parfois leur copie. En 2016 par exemple, il annonce que Michel-Ange souffrait non pas de la goutte mais d’arthrose après avoir examiné un portrait du maître de la Renaissance où l’on voit les doigts du peintre crispés et la main pendante. Il y a deux semaines, le Dr Lazzeri découvre un poumon caché sous le manteau de Flora, déesse du printemps dans un tableau de Botticelli. Entre-temps, ce praticien a également détecté un goitre thyroïdien sur le cou de la Vierge peinte par Francesco Mazzola, surnommé le Parmigianino. Si ces diagnostics peuvent modifier l’idée de l’évolution de l’expression artistique d’un peintre, d’un point de vue médical, le doute subsiste. « Un diagnostic établi à partir d’un tableau est subjectif, le peintre pourrait avoir inséré un détail lié à une certaine pathologie parce qu’il trouvait qu’un doigt plié ou un cou gonflé au niveau de la thyroïde, ajoutait une certaine grâce au modèle », explique ce spécialiste.
Leonard et la carence en iode
Pour entériner ces études, il faudrait exhumer les restes pour effectuer des prélèvements. Une opération impossible notamment en ce qui concerne Michel-Ange, l’église Santa Croce de Florence, où repose cet artiste, interdisant toute investigation scientifique sur sa dépouille. « Il y a aussi la question des coûts car il faudrait mettre en place des moyens techniques énormes pour éviter d’endommager les monuments en déterrant les restes de l’artiste et souscrire une assurance importante », estime le Dr Lazzeri. Dans son enquête, le praticien tient aussi compte de l’âge du modèle et du milieu social et environnemental dans lequel il évolue. « C’est à partir de 1 300 que l’on a commencé à peindre la réalité dans son ensemble, ensuite avec la découverte de l’anatomie, les choses se sont encore plus précisées et les modèles souffrant d’une maladie de la peau, d’une déformation sont représentés avec leurs pathologies », ajoute le chirurgien. Un exemple ? La Madonne à l’œillet de Leonard De Vinci. « Leonard a vécu dans l’arrière-pays toscan où il y a une carence d’iode donc des problèmes probables de thyroïde pour les habitants, j’imagine qu’il a donc peint un modèle qui souffrait de cette maladie, c’est aussi le cas du peintre flamand de la Renaissance Rogier van der Weyden », explique le Dr Lazzeri. Autre exemple : le peintre norvégien Edvard Munch souffrait de troubles oculaires différents dans chaque œil et « les formes étranges qu’il dessinait n’ont rien à voir avec la psychiatrie, il voyait rouge à cause de ses problèmes et cela a influencé son parcours artistique », affirme le chirurgien. L’étude des maladies dans l’art permet également de remonter le cours de l'histoire de la pathologie médicale dans les sociétés. « Sous Leonard de Vinci par exemple, on ne connaissait pas encore certaines maladies et jusqu’au 19e siècle, il n’y avait pas encore de dossiers médicaux. Toutefois, on peut comprendre l’origine des pathologies comme le cancer du sein (que l’on l’attribuait encore récemment aux conditions environnementales), grâce à la découverte dans des tableaux de l’époque de la Renaissance ou dans des bas-reliefs égyptiens de symptômes de tumeur du sein, ce qui démonte cette théorie », ajoute le Dr Lazzeri.
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