Quoi de commun entre le peintre estonien Michel Sittow, le religieux espagnol Ignace de Loyola et le médecin flamand André Vésale ? Ils ont tous trois voyagé, autour de 1500, dans une Europe en plein bouleversement, entre rivalités territoriales, affrontements religieux et renouveau de la pensée, des sciences et de la création. Michel Huguier, professeur honoraire de chirurgie digestive, membre de l'Académie de médecine, les réunit dans son dernier ouvrage, « Trois grands esprits de la Renaissance sur les routes d'Europe - Loyola, Sittow, Vésale » (1).
Michel Sittow fit son apprentissage artistique à Bruges, fut peintre des rois d'Espagne, parcourut le nord de l'Europe. Ignace de Loyola, né au pays basque espagnol, fondateur de la compagnie de Jésus en 1537, vécut en Italie, à Paris, en Espagne et alla jusqu'à Jérusalem. Vésale, originaire de Bruxelles, étudia à Paris puis à Padoue, fut le médecin de Charles Quint, qu'il suivit dans ses déplacements dans son vaste empire, fit le pèlerinage en Terre sainte et mourut au retour dans une île grecque. Leurs déplacements permettent à l'auteur de décrire tout un continent et toute une époque, que Michel Huguier qualifie de « prodigieuse » et qu'on appellera plus tard la Renaissance. Avec ses péripéties et ses nombreux personnages, souvent célèbres, sans oublier deux ou trois étapes essentielles de l'histoire de la médecine, un ouvrage aussi vivant que documenté.
L'énigme de la création
Non moins documenté est le travail de la neurologue Catherine Thomas-Antérion, qui, dans « la Création artistique sous l'œil des neurosciences » (2), tente de résoudre l'énigme de l'inspiration. Sa recherche tourne autour de trois « acteurs » : Léonard de Vinci, Mona Lisa et le peintre-graveur lyonnais contemporain Vesselin Vassilev. L'œuvre de ce dernier, « l'Après-Midi de Mona Lisa », ses dessins préparatoires et ses notes servent de base à cette recherche sur la création.
L'œuvre n'étant rien sans celui qui la regarde, l'auteur utilise aussi les données scientifiques nouvelles sur le visage de Mona Lisa et les théories les plus récentes sur les interactions sociales (les neurones miroir, entre autres). Si la Joconde garde son secret, le livre, enrichi de plus de 20 illustrations, ouvre de passionnantes perspectives de réflexion.
(1) Éditions Fiacre, 284 p., 24 €
(2) Klincksieck, 120 p., 25 €
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