CINEMA - « Effets secondaires », de Steven Soderbergh

Suspense psychopharmacologique

Publié le 04/04/2013
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Crédit photo : DR

RÉALISATEUR multigenres, Steven Soderbergh dit « aime(r) les films qui essaient de faire plusieurs choses à la fois ». C’est un atout, ce peut être aussi une faiblesse. La première piste que croit suivre le spectateur, compte tenu aussi du titre, bien sûr, est celle des risques médicamenteux en psychiatrie. L’héroïne est dépressive et se voit prescrire par son psychiatre un nouveau médicament. Un drame plus tard, le médecin sera-t-il poursuivi en justice ? Mais le film n’est pas un pamphlet contre l’industrie pharmaceutique et ses méthodes, même si certaines questions sont posées et si les antidépresseurs, dont certains sont nommément cités, ne sont pas montrés sous leur meilleur jour. C’est un thriller, aux nombreux (et improbables ?) rebondissements.

Le scénariste Scott Z. Burns, œuvrant pour la série médicale « Wonderland », avait alors mené l’enquête à l’hôpital psychiatrique Bellevue, à New York. Cela lui a donné l’envie d’écrire « un thriller noir qui emporte le public et joue avec ses nerfs, comme "Assurance sur la mort" ou "la Fièvre au corps", et qui se déroule dans le monde de la psychopharmacologie ». Pour plus de réalisme, il demande l’aide du Dr Sasha Bardey, à l’époque directeur adjoint du service de psychiatrie médico-légale de Bellevue.

Comme Soderbergh filme vite, sans souci des détails, et qu’un retournement de situation chasse l’autre, le suspense l’emporte largement sur les interrogations médicales. D’autant que le Dr Jonathan Banks, alias Jude Law, devient assez rapidement enquêteur autant que médecin.

À condition de n’être pas trop exigeant quant à la vraisemblance du récit et à la subtilité de la mise en scène, on prendra du plaisir à ce divertissement qui ne laisse pas de répit. Autant que les acteurs ont dû en prendre à jouer des personnages qui ne sont pas ce qu’ils ont l’air d’être. Jude Law, impeccable, Rooney Mara, déjà distinguée dans la version américaine de « Millenium », troublante, et Catherine Zeta-Jones, étonnante.

Soderbergh, révélé à 33 ans, en 1989, avec « Sexe, mensonges et vidéo », palme d’or à Cannes, joue avec l’idée d’abandonner le cinéma au profit de la peinture. On ne saurait l’y encourager.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9231