CINEMA - « Au bout du conte », d’Agnès Jaoui

Un certain charme

Publié le 07/03/2013
Article réservé aux abonnés
1362622367414374_IMG_100263_HR.jpg

1362622367414374_IMG_100263_HR.jpg
Crédit photo : TH. VALLETOUX

ILS SONT LÀ, les personnages des contes, sous des apparences contemporaines et avec des états d’âme que chacun peut connaître. Cendrillon est un garçon – qui fuit la fête à minuit en perdant son mocassin. Le petit chaperon rouge, qui va se faire dévorer par un très séduisant loup, est aussi la princesse et un peu la belle au bois dormant, et, pour elle, cela ne finira pas très bien. Le roi, son père, est un très riche homme d’affaires accusé de malversations. Sa mère, comme la belle-mère de Blanche-Neige, ne songe qu’à la jeunesse et à la beauté éternelles, qu’elle tente de conquérir par la chirurgie esthétique.

« L’amour, au fond, c’est la crédulité la mieux partagée, c’est le conte de fées que chacun ou presque peut vivre au quotidien », dit la réalisatrice, qui s’est donné un triple rôle, la fée, la marraine et la grand-mère… Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, son inséparable coscénariste, ont imaginé toutes sortes de variations sur le couple, qui ne connaît pas souvent le sort promis à la fin des contes – ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants –, et sur les croyances, la crédulité en général et « ce qui reste des contes de fées dans la tête des gens ».

Cela donne un joyeux bric-à-brac, avec des moments magiques et d’autres moins convaincants, beaucoup de notations justes mais certaines convenues, une mise en scène souvent inspirée et quelquefois plate. Bien sûr, c’est savoureux et joué par des acteurs bien choisis, sinon que la cinéaste elle-même incarne un personnage qui ne la met guère en valeur. Bacri fait du Bacri, donc on rit et on sympathise. Agathe Bonitzer et Arthur Dupont forment un couple d’amoureux romantique à souhait et Benjamin Biolay est inquiétant juste ce qu’il faut. Valérie Crouzet, Dominique Valadié, Laurent Poitrenaux, Béatrice Rosen, Didier Sandre, Nina Meurisse et Clément Roussier complète la distribution de cette aimable partition, qui, pour être désenchantée, n’en a pas moins beaucoup de charme.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9224