« Beau is afraid », d'Ari Aster

Un cinéaste à découvrir

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Publié le 28/04/2023
Ari Aster, un cinéaste à découvrir si ce n'est déjà fait. Sans avoir peur de la longueur et des références de « Beau is afraid ». D'autant que Beau, c'est Joaquin Phoenix.
« Beau is Afraid »

« Beau is Afraid »
Crédit photo : MOMMY KNOWS BEST LLC

Avec ses deux premiers longs métrages, « Midsommar » et « Hérédité », Ari Aster, 37 ans en juillet, s'est imposé comme le nouveau maître de l'horreur. Interdit aux moins de 12 ans, « Beau is afraid », dont il a eu l'idée avant même ces deux films, relèverait plutôt de la comédie très noire s'il ne comportait plusieurs niveaux de lecture, avec ses 3 heures pas toujours faciles à décrypter. Beau, le héros paralysé par l'anxiété, cherche à rejoindre sa mère qui réside à Ithaque, État de New York.

C'est une Odyssée que nous conte Ari Aster, partant du quartier de drogués morts vivants de New York où vit Beau et passant par une banlieue cossue où il est adopté par un couple qui a perdu un fils à la guerre, puis une forêt où une troupe de théâtre l'entraîne dans la vie qu'il n'a pas vécue... Une Odyssée freudienne avec l'archétype de la mère omniprésente et culpabilisante, sachant que le premier jet du scénario était nourri de Kafka, Jung, Borges. Il ne faut pas avoir peur de toutes ces références : « Beau is afraid » est du cinéma, original et puissant, qui laisse les traces des interrogations qu'il suscite. En tout cas magnifié par la performance de Joaquin Phoenix, transformé physiquement, et qui trouve ici un nouveau rôle marquant, entre le Joker (le Joker 2 doit sortir en octobre 2024) et Napoléon (le biopic de Ridley Scott est prévu pour novembre prochain).

Parmi les autres nouveautés de la semaine, outre « Quand tu seras grand », déjà recommandé dans ces colonnes (soignants, vieux et enfants dans un EHPAD, une vision juste et réconfortante d'Andréa Bescond et Éric Métayer), « Burning Days », un thriller turc d'Emin Alper qui met en scène, dans une petite ville, un jeune procureur en butte aux notables locaux ; et « le Jeune Imam », de Kim Chapiron, coécrit notamment par Ladj Ly, qui s'inspire d'histoires d'arnaques au pèlerinage à la Mecque, pour suivre un garçon des cités devenu imam après un séjour au Mali imposé par sa mère à l'adolescence.

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin