CINEMA - « Cloud Atlas », de A. et L. Wachowski et T. Tywker

Un impressionnant bric-à-brac

Publié le 21/03/2013
Article réservé aux abonnés
1363832146418493_IMG_101184_HR.jpg

1363832146418493_IMG_101184_HR.jpg
Crédit photo : WARNER BROS

QUOI DE COMMUN entre les Américains Andy et Lana (ex-Larry) Wachowski, signataires excentriques des « Matrix », et l’Allemand Tom Tywker, le cinéaste de « Cours, Lola cours » et du « Parfum » ? Une amitié de longue date et la même admiration pour le roman choral – réputé inadaptable – de David Mitchell, paru en France en 2007 sous le titre « Géographie des nuages » (Éditions de l’Olivier). C’était une gageure en effet que de porter à l’écran ce récit qui déroule sur cinq siècles, de 1849 à 2346, six histoires n’ayant en apparence rien à voir mais dont les protagonistes entretiennent des correspondances.

Tout est lié, qu’on ait ou non le temps de le comprendre. « Dans un monde où la réincarnation est possible et dans un film où le passé, le présent et le futur s’enchevêtrent, la mort est juste un nouveau point de passage d’un univers à l’autre », explique David Mitchell. Fort heureusement, on n’est pas obligé de croire à la réincarnation des âmes pour s’embarquer dans le voyage de 2 heures 45 auquel nous invite l’ambitieux trio. Un périple qui ne sera pas de tout repos : les cinéastes entrechoquent les genres (film de mer, drame psychologique, thriller, anticipation, comédie…), les références, les styles à un rythme inconnu de la philosophie bouddhiste, avec une inspiration toujours au plus haut mais une réussite inégale.

Concrètement, les Wachowski ont tourné en Allemagne et à Majorque le premier épisode, qui se situe dans un bateau sur le Pacifique (un avocat idéaliste aide un esclave en péril) et ceux de 2144 (dans un univers à la « Matrix », un clone se rebelle) et de 2346 (le survivant d’un cataclysme planétaire lutte pour la survie de sa tribu avec l’aide d’une émissaire d’une communauté supérieure). Tandis que Tom Tywker, qui signe également la musique, a filmé en Écosse les histoires plus contemporaines de 1936, 1973 et 2012, qui mettent en scène respectivement, un compositeur désargenté, une journaliste face à une corruption industrielle et un éditeur menacé par les créanciers.

Tout est ensuite dans le montage, qui découpe et relie habilement les morceaux d’histoires entre elles. Ce n’est pas facile à suivre, on l’a dit, d’autant que les acteurs (Tom Hanks, Halle Berry, Hugh Grant, pour ne citer qu’eux), qui jouent chacun jusqu’à six rôles, sont parfois méconnaissables et qu’on s’occupe davantage à tenter de deviner de qui il s’agit que de suivre les fils du récit. Mais le foisonnement des idées, scénaristiques et cinématographiques est tel qu’on ne peut y rester indifférent.

R. C.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9228