CINEMA - « Promised Land », de Gus Van Sant

Un monde menacé

Publié le 18/04/2013
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Crédit photo : DR

POUR OU CONTRE l’exploitation des gaz de schiste ? La France, qui en serait riche, n’a pas tranché, même si la technique de la fracturation hydraulique est pour l’heure interdite. Les États-Unis ont franchi le pas depuis longtemps et misent plus que jamais sur cette ressource. Le film de Gus Van Sant, écrit et coproduit par ses deux acteurs principaux, Matt Damon et John Krasinski, permet de se faire une idée des enjeux en question. Pour autant, il ne s’agit pas d’un manifeste anti-gaz de schiste – les arguments contradictoires sont présentés – mais d’une réflexion sur l’identité américaine et sur l’avenir de ce qui fait l’Amérique, hors de ses grandes métropoles.

Quand Steve, le personnage joué par Matt Damon, qui travaille pour un grand groupe énergétique, débarque dans une petite ville perdue dans la campagne, il est convaincu, en essayant d’obtenir des fermiers le droit de forer sur leurs terres, d’aider une communauté qui subit de plein fouet la crise économique. Lui-même issu d’une de ces petites villes, il sait qu’il n’y a pas beaucoup de solutions pour survivre et sauver un mode de vie auquel beaucoup tiennent, dans lequel la collectivité, la solidarité jouent un rôle important. Mais malgré les fortes sommes promises, les réticences sont nombreuses et Steve, à son grand désarroi, devient le bad guy, le méchant.

Le scénario, centré sur ses déboires, racontés non sans humour, et sur ses états d’âme, devait être mis en scène par Matt Damon lui-même. Engagé sur d’autres projets, il a dû y renoncer et a proposé le sujet à Gus Van Sant, avec lequel il avait tourné trois films (dont « Will Hunting »). Ceci explique sans doute que « Promised Land » porte moins la patte du cinéaste d’« Elephant » qu’on aurait pu le souhaiter et que la réalisation apparaisse bien sage.

Un regret plus qu’une réserve. Le récit se suit avec plaisir, avec ses personnages secondaires savoureux, en particulier la collègue énergique incarnée par Frances McDormand. Et si le message est un peu trop nostalgique pour être totalement crédible, on a tout de même envie de le partager pour un moment.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9235