CINEMA - « Les Beaux Jours », de Marion Vernoux

Un tournant joliment pris

Publié le 27/06/2013
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Crédit photo : M. CROTTO

ELLE A 60 ANS. Elle vient d’abandonner son métier de dentiste et ses filles lui ont offert un forfait-découverte pour un club de retraités appelé « Les Beaux Jours ». La suite, Fanny Chesnel, née en 1980, l’a imaginée dans « Une jeune fille aux cheveux blancs », son premier roman, inspiré de l’expérience de sa mère. Et des producteurs ont eu la bonne idée d’en proposer l’adaptation à la cinéaste de « Personne ne m’aime », « Love, etc. » et « Reines d’un jour ».

Le vieillissement qui vous ébranle, la retraite qui fait le vide autour de vous, les amis qui meurent, le couple qui se délite, le regard des autres qui change : le tableau pourrait être sombre et pourtant, tout en abordant – délicatement – tous ces aspects, le scénario de Marion Vernoux et Fanny Chesnel ne désespère jamais de l’héroïne ni de son entourage. Caroline aime la vie, n’a pas peur d’écouter ses désirs et ne reste pas dans les cases où son âge et sa situation sont censés la ranger.

Fanny Ardant, qui n’a heureusement pas le visage trop lisse de certaines comédiennes de son âge, incarne avec vivacité cette femme qui sait jusqu’où aller trop loin. Face à elle, Laurent Lafitte – de la Comédie-Française – sait donner de la subtilité au rôle du quasi-quadragénaire qui aime beaucoup les femmes, toutes les femmes. Tandis que Patrick Chesnais est celui qui impose quand il faut sa présence.

Peu de cris, pas de larmes, on s’aime, on se quitte sans drame – mais non sans quelques rebondissements savoureux. Et on apprend à goûter ce qu’on a et les nouvelles amitiés qui se présentent. Spectateur, on apprécie aussi la façon dont la cinéaste filme Dunkerque et les longues jetées sur la mer du Nord. Des ciels changeants, à l’image des émotions de ces beaux jours.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9254