Une bonne année dans les salles obscures

Évidemment, il y a des comédies. Depuis hier sur les écrans, « la Famille Bélier », d’Éric Lartigau, avec Karine Viard et François Damiens en parents sourds-muets d’une ado prête à quitter la ferme pour développer son talent pour le chant ; « le Père Noël », d’Alexandre Coffe, l’amitié entre un cambrioleur (Tahar Rahim) et un petit garçon ; et « Dumb & Dumber De », des frères Farrelly, avec Jim Carey, Jeff Daniels, les deux idiots de retour vingt ans après. Le 24 décembre arrive « Zouzou », comédie intergénérationnelle aux accents féministes de Blandine Lenoir, et le 31 « Une semaine de tranquillité », l’adaptation par Patrice Leconte, avec Christian Clavier, de la pièce de Florian Zeller jouée avec succès par Fabrice Luchini.

Il y a aussi les films pour enfants : les Pingouins de Madagascar sont déjà là (dessin animé), Benoît Brisefer, le superhéros en culottes courtes sorti de la BD de Peyo, arrivera le 31, avec Gérard Jugnot, Jean Reno, Thierry Lhermitte. Et les petits comme les grands devraient applaudir « Nature », à partir du 24, un documentaire britannique tourné en Afrique en 3D pour mieux mettre en valeur les merveilles des forêts, déserts, montagnes, plaines ou océan et les créatures qui les peuplent.

Vous aimez les grands spectacles ? Voici le 24, en 3D, « Exodus : God and Kinds », de Ridley Scott, avec Christian Bale dans le rôle de Moïse, un film critiqué pour n’employer que des acteurs blancs au mépris de la réalité égyptienne. Les jeunes amateurs de fantastique pourraient aimer pour leur part « le Septième Fils », adaptation de la série à succès parue sous le titre de « l’Épouvanteur ».

Les drames sont là, également. Le 24 ce sera « Whiplash », du nouvel espoir américain (de père français) Damien Chazelle, sur les relations plus que tendues entre un jeune batteur de jazz et son professeur, un film applaudi à Sundance, Cannes et Deauville et que les rumeurs voient aux oscars. Le 31, on découvrira les dernières heures de Pasolini (Willem Dafoe) vues par Abel Ferrara, qui a beaucoup à se faire pardonner après le pitoyable « Welcome to New York ». JC Chandor a réuni Oscar Isaac et Jessica Chastain pour « A Most Violent Year », un polar qui a pour cadre New York en 1981. Sortie le 31, tout comme le thriller britannique « The Riot Club », sur un cercle secret d’Oxford, signé Lone Scherfig, dont on avait beaucoup aimé « Une Éducation ». Et aussi, sorti le 17, « Eau argentée », documentaire fait d’images prises par les Syriens eux-mêmes – et mises sur Internet – sur le conflit qui dévaste leur pays, réalisé par Ossama Mohammed, exilé en France.

Merci au bon dieu

Reste que s’il n’y avait qu’un film à voir en cette d’année, on vous l’a dit, ce devrait être « Timbuktu ». Parmi les sorties plus ou moins récentes et toujours dignes d’intérêt, on peut rappeler « Interstellar », l’aventure cosmique un peu naïve mais spectaculaire et émouvante de Christopher Nolan ; « Mommy », de l’hyperactif Xavier Dolan, pour son duo de femmes face à un jeune homme perturbé ; le très beau « Leviathan », d’Andreï Zviaguintsev, au lyrique désespoir russe ; « The Search », le mélodrame tchétchène de Michel Hazanavicius ; ou encore « Night Call », l’effrayante virée nocturne de Jake Gyllenhaal.

D’autres bons souvenirs de cinéma, notamment : « Boyhood », ou douze ans dans la vie d’un jeune garçon que Richard Linklater a pris le temps de voir grandir, un film bien placé pour les Golden Globes ; le « Saint Laurent » de Bertrand Bonello incarné par Gaspard Ulliel ; « Xenia », l’Odyssée grecque de deux frères ; « Bird People », la fable de Pascale Ferran avec Anaïs Demoustier ; « Dans la cour », le mélancolique duo Catherine Deneuve-Gustave Kervern subtilement orchestré par Pierre Salvadori ; « Deux jours, une nuit », le plaidoyer pour la justice sociale des frères Dardenne, incarné par Marion Cotillard ; « Sils Maria », pour la relation Juliette Binoche-Kristen Stewart. Sans oublier « Hippocrate », qui a connu un joli succès, et « le Procès de Viviane Amsalem », en course pour le Golden Globe du meilleur film étranger.

Dans une année plutôt bonne (près de 209 millions d’entrées sur les 12 derniers mois, en progression de 10,7 % par rapport aux 12 mois précédents), c’est bien sûr « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? », avec ses 12 millions de tickets, qui a gagné le paradis cinématographique.