« Tout a commencé il y a 10 ans, lorsque l’un de mes patients m’a offert un objet plutôt insolite. Il s’agissait d’un scarificateur muni de plusieurs lames qui servait à pratiquer les saignées au XVIIIe et XIXe siècle. Je me suis intéressé à l’instrument, fait des recherches et, de fil en aiguille, commencé à chiner ça et là d’autres objets historiques ayant trait à la pratique médicale. »
Le Dr Marc Krys, médecin généraliste installé à Paris, commence ainsi une collection qui finira par atteindre près de 450 pièces, la plupart exposées dans son cabinet. « Certains patients n’y prêtaient pas vraiment attention, alors que d’autres leur trouvaient un caractère plutôt inquiétant », se rappelle-t-il. Il faut dire que certains des objets qui seront vendus demain 18 mai aux enchères à l’Hôtel Drouot* ont de quoi provoquer quelques sueurs froides.
Curiosités
Si les biberons en étain, les moules de fabrication de suppositoires, les pots à sangsues ou encore les crachoirs de poche éveillent un intérêt historique tout autant qu’esthétique, d’autres pièces génèrent aussi cette crainte ancestrale que ressent le patient face à l’instrument qui va vraisemblablement le faire souffrir. C’est le cas avec cette clef de Garengeot destinée à l’extraction dentaire ou encore avec ce masque « rectificateur de nez » munis de vérins, auxiliaire monstrueux des prémices d’une chirurgie qui se voulait esthétique. Au rayon des curiosités, impossible de ne pas citer ce « clystère de baptême » qui servait à asperger d’eau bénite le fœtus in utero lorsque l’accouchement présentait des difficultés et que l’enfant risquait de ne pas survivre. Curiosité également, mais plus légère, cet urinal en forme de violon à l’origine d’une célèbre expression ou encore cet urinoir féminin portatif en faïence nommé « bourdaloue », en référence à ce prêtre catholique éponyme du XVIIe siècle dont les sermons étaient, dit-on, interminables et qui obligeaient les femmes à se soulager discrètement sous leurs vêtements.
Écorché d’Auzoux
Parmi tous ces objets, et bien d’autres encore, le Dr Krys porte une tendresse manifeste à celui qu’il considère comme le clou de sa collection : un écorché d’Auzoux, du nom de ce médecin français du XIXe siècle, internationalement connu pour ses créations de nombreux modèles anatomiques en papier mâché utilisés dans l'enseignement de la médecine. S’il dit d’ailleurs n’avoir aucun regret de devoir se séparer d’une collection qui lui a « beaucoup apporté », il confesse qu’il partira sans doute, sous peu, à la recherche de nouvelles pièces, mais uniquement en rapport avec l’anatomie et avec encore plus de plaisir si elles sont l’œuvre de Louis Auzoux.
* La vente a lieu le mercredi 18 mai 2016 à 14h00, salle 11 de l’Hôtel des ventes Drouot Richelieu (Paris). Le catalogue est consultable sur le site www.drouot.fr
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