DANS « Paradis : amour », une quinquagénaire en surpoids partait au Kenya faire du tourisme sexuel, des vacances peu satisfaisantes. Dans « Paradis : foi » (prix du jury à la Mostra de Venise), la sœur de la susnommée passe ses congés à promener dans le voisinage une statue de la Vierge (les « Vierges errantes » seraient courantes en Autriche). Pour elle, l’amour du Christ a remplacé celui des hommes et quand son mari, musulman et paraplégique, prétend retrouver l’intimité conjugale, elle ne l’acceptera pas.
Les deux sœurs, nous dit le cinéaste autrichien, « ont un problème similaire : déçues par l’amour et par les hommes, elles sont sexuellement frustrées. Elles ont profondément refoulé leurs désirs. » Seidl ne ménage pas son actrice, Maria Hofstätter, avec laquelle il collabore depuis plus de dix ans : corps qui se dénude, se flagelle, se tord dans la prière ou l’affrontement physique. Il ne ménage pas non plus une certaine pratique du catholicisme tendant au fanatisme et une scène au moins risque de choquer profondément des croyants.
Dans « Paradis : espoir », la fille de celle qui est au Kenya passe, elle, ses vacances dans un centre pour ados obèses. Elle a 13 ans et va vivre son premier amour, pour le médecin de l’établissement, qui a 40 ans de plus qu’elle, établissant avec lui une relation trouble. Comme dans le premier film, les chairs abondantes ne sont pas cachées, au contraire. Ulrich Seidl n’aurait pas vu de raison pour cela car, pour lui, « c’est dans ce qui n’est pas conventionnellement esthétique que vous trouvez la vraie beauté ». Il met en cause « la perversité des pressions sociales », montrant ce que les femmes, et aussi les hommes, « se font à eux-mêmes pour que leur physique corresponde aux canons de la beauté imposés par la société actuelle ».
Mais comme le spectateur n’est pas préservé de ces pressions sociales, il peut se sentir mal à l’aise face à des corps exhibés qu’il ne trouvera pas beaux.
Outre son credo esthétique, une particularité d’Ulrich Seidl est sa méthode de travail : il mêle acteurs professionnels et non professionnels (le mari paraplégique, les ados obèses…) et leur fait improviser les scènes et les dialogues. Ce qui redouble l’énigme de la psychologie des principaux protagonistes mais ajoute à leur profondeur humaine.
Il y a bien peu d’espoir dans le cinéma d’Ulrich Seidl et nulle part de paradis, mais l’humanité, dans sa beauté souvent grotesque.
* « Le Quotidien » du 10 janvier 2013.
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