« Les Misérables »
Sélectionné au festival de Cannes, où il a reçu le prix du jury (ex aequo avec le film brésilien « Bacurau »), le premier long métrage de Ladj Ly, 39 ans, est parti des cités pour conquérir le monde : déjà vendu dans une cinquantaine de pays, il est le candidat de la France aux Oscars.
À Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, dans la cité où le réalisateur a grandi et où il filme ce qu'on pourrait résumer trop vite comme une histoire de bavure policière, les adultes ont échoué, parents, figures du quartier qui tiennent chacun leur domaine ou communauté (trafics, religion, organisation de la cité), policiers. Les « petits » seraient pour certains plus sages, mais trop pleins de vie et bientôt de colère, ils devront peut-être eux aussi recourir à la violence.
Misérables, ils le sont tous, et pas seulement parce que c'est à Montfermeil qu'Hugo situe en partie son célèbre roman. Misérables parce que vivant, survivant, travaillant dans des quartiers abandonnés depuis des décennies par les politiques.
La force de Ladj Ly, outre la maîtrise du temps du récit et celle des scènes de groupe, voire de foule, c'est de ne condamner personne, même pas le flic raciste, et de laisser percer une lueur d'espoir. Tous victimes, tous humains.
« Les Éblouis »
Autre premier film, autre récit où les adultes n'ont pas le beau rôle. Jusqu'alors actrice, Sarah Suco, 38 ans, s'inspire de sa propre expérience – elle a vécu pendant dix ans avec sa famille dans une communauté charismatique — pour raconter les tourments d'une adolescente dont les parents intègrent une communauté religieuse basée sur le partage et la solidarité et qui va se révéler dangereusement sectaire.
Tout est raconté par le regard de la jeune Camille (impressionnante Céleste Brunnquell), qui va voir ses parents (Camille Cottin et Éric Caravaca) se transformer peu à peu sous l'emprise du charismatique et redoutable « berger » (Jean-Pierre Darroussin) et qui, de 12 à 15 ans, alors qu'elle vit ses premiers émois amoureux, va évoluer de la passivité à la révolte.
La réalisatrice excelle dans la direction d'acteurs, offrant les nuances nécessaires à la compréhension du phénomène, ne négligeant ni les motivations des uns et des autres ni la force du collectif (étonnantes scènes de rituels de pardon ou d'exorcisme). « Le film est bien en deçà de la réalité », dit Sarah Suco, un constat effrayant.
« Terminal Sud »
« Comment on est arrivé à un monde où on menace un médecin ? », se demande non sans naïveté le héros du film de Rabah Ameur-Zaïmeche. Cela se passe dans un pays en proie à un conflit armé, non clairement identifié mais qui reflète bien sûr l'Algérie natale du réalisateur, celle des « années noires ». Même si une telle situation peut survenir partout, quand l'Etat de droit dégénère et que « vient le moment où la distinction entre militaires, policiers, terroristes et gangsters devient très floue ».
Ramzy Bedia incarne avec sérieux un médecin qui tente dans le chaos de continuer son travail de soignant mais qui sera confronté une violence insupportable et à des choix impossibles. Il donne sa force à un film dont la mise en scène semble un peu timide par rapport à l'ambition du propos.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série