Le dépistage, une vraie révolution pour réduire la mortalité liée au cancer du poumon
Les résultats préliminaires de l’étude KBP-2020-CPHG (2) montrent qu’en 20 ans, la survie a fortement progressé dans le cancer du poumon avec une baisse de mortalité à deux ans de 26,6 % entre les années 2000 et 2020. Cette baisse atteint même 34 % chez les patients bénéficiant d’un traitement. Malheureusement, 60 % des patients restent diagnostiqués au stade métastatique qui est généralement considéré comme non curable. Le dépistage du cancer du poumon permet d’augmenter la proportion des patients pris en charge précocement (3), donc éligibles à des traitements curatifs, ce qui augmente les chances de guérison et de survie (4,5). Parmi les cancers diagnostiqués au décours d’un dépistage, environ 70 % sont de stade précoce et donc potentiellement curables. Le dépistage aboutit à une réduction de la mortalité liée au cancer du poumon de 21 % et réduit la mortalité toutes causes de 5 % (6).
Des Français favorables à cet examen
D’après le baromètre des cancers 2021, publié par l’INCa, 82 % des fumeurs quotidiens seraient favorables à une participation à un programme de dépistage du cancer du poumon. Près d’un tiers des personnes interrogées déclarait avoir déjà réalisé une radiographie ou un scanner des poumons (7).
Le dépistage, un acte de prévention global
Le dépistage par scanner thoracique faible dose permet d’envisager le dépistage d’autres pathologies comme l’emphysème pulmonaire ou les calcifications coronaires (un marqueur du risque cardiovasculaire). Le dépistage doit en outre être systématiquement associé à un sevrage tabagique. En effet, une personne qui arrête de fumer du tabac à l’âge de 50 ans voit son risque de développer un cancer du poumon diminuer de 50 % au cours de sa vie.
Des médecins en besoin d’informations sur la place du scanner faible dose
Actuellement, la méthode de dépistage du cancer du poumon utilisée par les sociétés savantes françaises est le scanner faible dose non injecté (8). On rappelle ici l’inefficacité démontrée de la radiographie thoracique dans cette indication (9) ; malheureusement encore trop souvent prescrite (10).
Face à ce besoin d’informations, le collectif pluridisciplinaire composé de professionnels de santé et de représentants d'associations de patients, "Ensemble Nous Poumons" (11), créé et soutenu par AstraZeneca, se mobilise pour rappeler aux médecins généralistes et aux pneumologues les bonnes pratiques recommandées par les sociétés savantes :
Respecter les critères d’inclusion : personnes de 50 à 74 ans, présentant un tabagisme de plus de 10 cigarettes/jour pendant plus de 30 ans ou plus de 15 cigarettes/jour pendant plus de 25 ans ; un tabagisme actif ou sevré depuis moins de 10 ans
Demander un examen de dépistage : un scanner thoracique faible dose non injecté. Cet examen permettra de déterminer l’absence ou la présence d’un nodule et sa nature (bénin, indéterminé, dépistage positif), mais également d’analyser le parenchyme pulmonaire (emphysème), les coronaires (calcifications), l’aorte ascendante, la plèvre ou encore la densité osseuse.
Proposer une aide au sevrage : en cas de tabagisme actif, le médecin généraliste proposera à la personne fumeuse une aide au sevrage tabagique et l’orientera vers les professionnels et organismes dédiés.
Dans ce contexte en faveur du dépistage organisé en France, se tiendront les « premières Journées du Dépistage du cancer du poumon » les 29 et 30 juin 2023 au Musée des Confluences de Lyon. Cet événement propice à l’échange entre les experts impliqués, professionnels et associations de patients, sera également l’occasion d’initier un programme de formation continue sur ce sujet.
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(1) HAS. Dépistage du cancer du poumon : la HAS recommande l’engagement d’un programme pilote. Février 2022.
(2) Cancer du poumon : forte amélioration de la survie en 20 ans, d’après l’étude KBP-2020-CPHG - Medscape - 31 janv 2023. Congrès de pneumologie de langue française (CPLF, 27-29 janvier 2023) / intervention du Dr Debieuvre. Actualités A30 KBP 2020/29 janvier 2023.
(3) Leleu O et al. Lung Cancer Screening by Low-Dose CT Scan:Baseline Results of a French Prospective Study. Clin Lung Cancer. 2020;21:145-52.
(4) HAS. Guide du parcours de soin. Tumeur maligne, affection maligne du tissu lymphatique ou hématopoïétique. Cancers broncho-pulmonaires [en ligne]. Juillet 2013.
(5) Les traitements des cancers du poumon, collection Guides patients. Cancer info, INCa, novembre 2017.
(6) Bonney A. et al. Impact of low dose computed tomography (LDCT) screening on lung cancer-related mortality. Août 2022.
(7) INCa. Baromètre cancers 2021. 2023.
(8) Recommandations de l’Intergroupe francophone de cancérologie thoracique, de la Société de pneumologie de langue française, et de la Société d’imagerie thoracique sur le dépistage du cancer bronchopulmonaire par tomodensitométrie à faible dose d’irradiation. Revue des Maladies Respiratoires. 2021;38:310-25.
(9) Oken MM. et al. Screening by chest radiograph and lung cancer mortality: the Prostate, Lung, Colorectal, and Ovarian (PLCO) randomized trial. JAMA. Novembre 2011.
(10) Marchal E et al. Behavior of general physicians about lung cancer screening in a French region hosting a pilot study. Respir Med Res. 2023 Feb 20;83:100992.
(11) Associations de patients : « Mon Réseau Cancer du Poumon » et « De L’Air ».
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