Si les innovations thérapeutiques et les évolutions technologiques font avancer l’exercice médical, les évolutions sociétales imposent également des changements. Et l’actualité récente en est le parfait exemple.
Le 27 mai, la proposition de loi sur l’aide active à mourir a été adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale (lire page 20). Si le texte a obtenu 305 voix pour (essentiellement des députés du centre et de la gauche), 199 élus ont voté contre (droite et extrême droite) et 57 se sont abstenus, ce qui témoigne des divisions sur le sujet. La proposition de loi doit maintenant poursuivre son parcours législatif et pourrait être modifiée au Sénat. Quoi qu’il advienne, on ne peut ignorer que ce texte est issu de nombreux débats et travaux, notamment des 184 membres d’une convention citoyenne dédiée. Cette expression de la société civile ne sera pas sans conséquences pour les médecins, notamment quand il s’agira de répondre en collégialité à une demande d’aide à mourir exprimée par un patient.
L’actualité oblige la profession à s’interroger sur les nouveaux périmètres de son exercice
Dans un tout autre registre, l’affaire Le Scouarnec, condamné le 28 mai à vingt ans de réclusion criminelle pour des viols et agressions sexuelles sur 299 patients (lire page 16), a bousculé le système et les institutions médicales. Depuis le mouvement #MeToo, le secteur de la santé ne peut plus fermer les yeux sur les violences sexistes et sexuelles (VSS). Si les témoignages ont pointé de nombreuses failles ayant permis à l’ancien chirurgien de continuer à exercer plus de dix ans après sa condamnation pour détention d’images pédopornographiques, ce procès doit être l’occasion d’agir pour éviter de laisser sévir des agresseurs. Le Conseil national de l’Ordre a ainsi exprimé ses regrets pour des « insuffisances qui ont pu entacher l’exercice de sa mission de vigilance et de contrôle qu’il doit à la population », avant de rappeler que « les violences sexistes et sexuelles commises par des médecins ne sont pas des faits isolés ». Son enquête publiée en novembre 2024 montrait que deux médecins sur trois avaient eu connaissance de VSS dans le monde médical.
Enfin, les débats actuels sur la régulation à l’installation mais aussi sur la proposition de loi sur la profession infirmière, qui implique des accès directs et des droits de prescription, illustrent également une mutation à marche forcée de l’exercice des médecins pour répondre à la préoccupation sociétale croissante d’accès aux soins.
Ainsi, si ces actualités ne peuvent être comparées ou associées, elles obligent la profession à s’interroger sur le nouveau périmètre de son exercice et à opérer sa mue.
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Tribune
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