Le Parlement travaille sur le budget de la nation et, avec lui, sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Ce n’est en aucun cas un scoop que de dire que les finances de l’État, tout comme celles de l’Assurance-maladie, ne sont pas en très bonne santé. Les élus de la République ont certes posé le bon diagnostic, à savoir des dépenses de santé parfois mal encadrées, parfois mal utilisées – par exemple des examens complémentaires réalisés en double car le dossier médical partagé (DMP) et/ou l’Espace santé des patients n’est pas encore accessible et opérationnel dans toutes les structures de soin –, mais le traitement proposé n’est visiblement pas à la hauteur des enjeux.
Une forme de désengagement de l’État
Première piste : celle d’une diminution du taux de remboursement des soins par l’Assurance-maladie. Ainsi, les consultations ne seraient plus remboursées à 70 % mais à 60 % par l’assurance-maladie obligatoire. Une forme de désengagement de l’État dans la santé de ses concitoyens. Le remboursement pèserait donc davantage sur les mutuelles, qui, ne soyons pas dupes, se verraient vraisemblablement contraintes de répercuter ce surcoût sur les cotisations de leurs adhérents et, donc, de nos concitoyens. Une solution, dans ce cas, pourrait être d’imposer aux mutuelles des contrats « à la carte » permettant de ne pas rembourser d’emblée les thérapeutiques n’ayant pas fait preuve de leur efficacité. Fort est à penser qu’alors, peut-être, en arrêtant le remboursement de la naturopathie et consorts, les tarifs pourraient ne pas subir d’inflation pour une grande partie des assurés sociaux. Mais, bien souvent, dès que le privé s’immisce davantage dans les parcours de soins, les dépenses de santé augmentent de façon quasi proportionnelle. C’est ainsi que les États-Unis, dont l’élection présidentielle pourrait rebattre les cartes à ce sujet, sont le pays qui dépense le plus pour sa santé… avec une efficience malheureusement souvent inversement proportionnelle.
Deuxième piste : celle d’une refonte complète du système de santé. Repenser le parcours de soins des patients, l’organisation et les tâches réalisables et réalisées par chacun des professionnels de santé. Penser un dispositif de partage des informations entre professionnels vraiment efficace et fiable (et pas seulement un empilement de documents comme dans le DMP), que ce soit en ville ou à l’hôpital. Dégager les médecins généralistes des tâches administratives inutiles et chronophages (comme les certificats absurdes encore et toujours exigés, même par des instances publiques) ou des progrès qui n’en ont que le nom (comme les prescriptions par voie électronique, à saisir dans les logiciels mais… à imprimer et à signer comme les ordonnances habituelles, au prix de quatre ou cinq clics de plus pour y parvenir). Il s’agirait là d’une vraie révolution, d’une libération de temps médical importante et d’une diminution des dépenses de santé. Pas sur l’enveloppe de consultation de médecine générale, bien entendu, car la nature ayant horreur du vide, les créneaux libérés seraient immédiatement pourvus pour d’autres patients. Mais ces derniers seraient alors moins contraints de consulter un service d’urgence ou de soins non programmés, dont le montant facturé pour une consultation dépasse allégrement les (bientôt) 30 euros.
Une troisième voie à envisager
Dernière piste, mise en avant depuis de nombreuses années par une très large partie de la profession : celle d’une grande Sécurité sociale. Celle-ci prendrait à sa charge l’ensemble des soins dits essentiels, dont l’étude de faisabilité avait été commanditée par un certain Olivier Véran avant la présidentielle de 2022… Projet qui possède de nombreux avantages, comme un reste à charge de zéro pour tous les assurés sociaux sur un nombre de prestations de soins dits de base ou encore la fin d’un jeu de ping-pong entre assurance maladie obligatoire et organismes complémentaires permettant parfois à ces derniers d’éviter certains remboursements (à l’image des patients qui demandent à ne plus bénéficier du tiers payant en consultation car leur mutuelle exige une attestation de paiement et un bordereau de l’Assurance-maladie pour rembourser… 7,95 euros).
Seul problème, de taille : cette grande Sécu nécessiterait initialement des dépenses de santé plus importantes
Il y aurait bien entendu des inconvénients tout aussi nombreux, mais aucun ne serait insurmontable. Le seul problème, de taille, est que cette piste nécessiterait initialement des dépenses de santé plus importantes alors que le déficit de la nation est déjà abyssal.
Les pistes de traitement du patient « Assurance-maladie » sont entre les mains des médecins, « élus de la République ». À eux de faire les choix qui s’imposent, en espérant que ceux-ci soient les bons. Mais, pour cela, il conviendrait que ces mêmes élus aient la volonté de travailler ensemble pour le bien commun…
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