Contre la désertification médicale, tous les coups sont permis pour attirer un généraliste dans sa commune. À coups de mois de loyers gratuits pour le cabinet, de prêts avantageux pour trouver une demeure et d’autres avantages – pécuniaires ou non –, certaines mairies débauchent les généralistes des villes voisines.
Un coup bas que Saint-Denis-en-Val, Saint-Jean-de-la-Ruelle et Chécy – trois communes de la métropole orléanaise (Loiret) – se sont engagées à ne pas se faire entre elles, en signant mercredi une charte de non-concurrence.
Obligation de loyauté
Les villes ont désormais « une obligation de loyauté » entre elles, stipule la charte. À ce titre, elles promettent de ne « pas démarcher, détourner, ou tenter de le faire, les médecins installés dans un périmètre de trente kilomètres, au profit de leur commune ou pour le compte d’une autre commune proche ».
Ce devoir de loyauté s’applique également à l’embauche d’un médecin salarié. Les villes signataires proposeront ainsi au praticien salarié embauché, ou en instance de l’être, un même contrat type éventuellement inspiré de celui des centres de santé et sa rémunération se « fera selon une grille tarifaire identique ».
Des généralistes sollicités
Pour rédiger cette charte, des mairies en manque d’omnipraticiens ont sollicité Citlab, un collectif citoyen qui compte plusieurs généralistes dans ses rangs. « Nous travaillons depuis quelque temps sur la désertification médicale », explique l’un d’eux, le Dr Jean-Paul Briand, désormais à la retraite et ancien conseiller municipal.
« La région Centre-Val-de-Loire aide beaucoup à la création de maisons de santé pluridisciplinaires (MSP). Et il semble qu’un certain nombre de communes, pour remplir les MSP qu’elles ont créées, essaient de recruter des médecins des villes voisines en leur proposant des conditions matérielles plus avantageuses », observe celui qui a exercé 38 ans à Orléans.
D'autres communes signeront-elles la charte ? Jean-Paul Briand ne le sait pas, et ne veut pas s'en occuper, estimant avoir rempli sa part du contrat. « Les maires font ce qu'ils veulent. Soit ils s’en emparent et la font vivre, soit ils continuent se la jouer perso et se passera ce qu’il devra se passer », prévient-il.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes