Faut-il prendre le virage de la télémédecine à toute allure pour répondre au plus vite à la crise de la démographie médicale, mais avec le risque d’embardées subséquentes ? Ou bien doit-on laisser du temps au temps, privilégiant la prudence, mais assumant aussi un éventuel enlisement ? En affichant ce chantier comme une priorité, les pouvoirs publics se sont montrés volontaristes, faisant même rentrer la consultation à distance dans le droit commun de la nomenclature. Pourtant, huit mois plus tard, la dynamique ronronne gentiment. La greffe a pris, il n’y a pas de rejet. Mais on sera loin, c’est sûr, des quelque 500 000 téléactes que le gouvernement avait annoncés pour fin 2019…
Pour expliquer ce démarrage (trop) tranquille, certains incriminent les conditions verrouillant l’accès au dispositif. Il y a peu, une tribune d’élus dans la presse grand public exhortait même Agnès Buzyn à passer la vitesse supérieure en autorisant la télémédecine hors parcours de soins. Mais les partenaires conventionnels ne sont pas pressés, redoutant une ubérisation de la pratique via l’intrusion d’opérateurs plus soucieux de business que de santé publique. Les débuts timides du processus sont d’ailleurs attribués à une peur diffuse de bien des praticiens, nombreux à redouter que les écrans et caméras ne tuent l’intimité du colloque singulier. On a aussi incriminé l’agenda surchargé de médecins qui n’auraient tout simplement pas trouvé le temps de s’investir dans ce nouveau chantier.
Avant de faire ses preuves, la télémédecine doit donc d’abord convaincre. Une démarche pédagogique qui passe évidemment par des propositions de formation aussi nombreuses qu’alléchantes. Et de ce point de vue aussi, notre enquête le démontre, on n’est pas en avance : en fac comme en ville, il y a autant de grain à moudre que de pain sur la planche pour relever le défi de la révolution numérique.
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