Vincent Lambert est toujours en vie. Enfin, si l’on peut dire. Qu'est ce qu'une existence comme la sienne depuis son accident le 29 septembre 2008 ? À ce jour, une seule chose est certaine : quel que soit son épilogue, cette affaire, certes singulière, ne sera pas sans conséquence sur le métier de médecin. Pas moins de trois d’entre eux se sont succédé ces dernières années au chevet du malade le plus célèbre de l’Hexagone. Démissions en cascade qui sont évidemment une vraie source d’interrogations pour leurs confrères.
C’est d’abord sa médiatisation qui a transformé cette histoire de fin de vie en affrontement. Avec une famille divisée entre résistants pro life et militants de la légalisation de l’euthanasie. Le bruit de fond dans l’opinion n’est pas un phénomène nouveau – qui ne se souvient du « feuilleton » Vincent Humbert et du destin tragique de Chantal Sébire ?- mais c’est un véritable défi à relever pour les soignants. Par devoir et par obligation, ils cultivent la discrétion et risquent de devoir compter demain avec des pressions de tous ordres pour exercer leur art.
C’est aussi sa judiciarisation qui a pollué l’affaire. Intrusion des magistrats dans le colloque singulier – le juge judiciaire défaisant un jour ce que le juge administratif a avalisé la veille — qui met en cause l’autonomie même du corps médical, même si, fort heureusement, toutes les fins de vie ne finissent pas dans un prétoire.
La polémique touche enfin au rapport des soignants à la législation. Ces 15 dernières années, le cadre légal de la fin de vie a changé à deux reprises, fruit de discussions vives et d’improbables consensus. Les situations extrêmes n’ont pas été résolues pour autant. Mais depuis, cela n’a pas empêché le législateur de mettre son grain de sel dans des domaines divers jusqu’alors chasse gardée des blouses blanches. Une nouvelle emprise avec laquelle les médecins vont, là encore, devoir composer.
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