Entre les cliniques et le gouvernement, la guerre est déclarée. « Nous sommes consternés, rien ne laissait supposer une telle agression, lâche Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée. La ministre de la Santé parle d’une campagne équitable entre public et privé. Il n’en est rien. Certains GHS sont visés par une baisse considérable des tarifs. Comme par hasard, les cliniques détiennent là des parts importantes de marché. »
Exemple, « les interventions sur la main et le poignet à la suite de blessure » feront l’objet d’une baisse de 15,2 % des tarifs. La chute est de -15,19 % pour les interventions sur les amygdales en ambulatoire. Sur la dialyse en centre, la baisse est de 3,58 % après celle de 4,80 % l’année dernière. Tous les tarifs ne sont pas orientés à la baisse. L’obstétrique a bénéficié d’un léger coup de pouce. La situation était encore plus fragilisée du fait de la réduction du nombre de naissances en 2015. La revalorisation s’élève à 7 millions d’euros. Pour autant, le secteur serait bien sinistré. Selon les chiffres de la FHP, entre 2004 et 2015, la baisse des tarifs est de -1 % alors que l’inflation durant la même période s’est élevée de 16 %. Quant aux charges, elles ont grimpé de 56 %.
5 000 emplois non créés
Au-delà de l’équation économique, le président de la FHP dénonce une erreur politique. En reprenant la reprise du Cice et du pacte de responsabilité à hauteur de 0,63 %, « le gouvernement se prive de la création de 5 000 emplois sur laquelle nous nous étions engagés », commente Lamine Gharbi.
Le ton est encore plus catastrophique du côté des établissements de soins de suite et de réadaptation et en psychiatrie. La baisse (-2,70 %) du prix de journée est qualifiée d’historique. « Dans cinq ans, il n’y aura plus d’établissements de ce type en France. Pourtant lors du dernier Copil, la DGOS nous avait promis un accompagnement du fait de la réforme du mode de financement ; merci la promesse a été tenue… », rappelle faussement naïf Gabriel Bossy, président de la FHP-SSR.
Psychiatrie, médecine à deux vitesses
Dans les cliniques psychiatriques, une autre menace est brandie, celle d’une médecine à deux vitesses. Avec une baisse de -2,49 % des tarifs, la décision ne serait pas motivée par des arguments économiques. Mais reposerait sur un réflexe idéologique. « Avec de tels tarifs, nous ne pourrons plus accueillir des patients en précarité. Le risque serait alors de nouer des accords avec des assurances privées et ne plus accepter des missions de service public », précise Olivier Drevon, président de l’UNCPSY.
Avant le déclenchement des hostilités, persiste encore un mince filet d’espoir. Le décret annonçant les baisses de tarifs des SSR et des cliniques psychiatriques n’est pas encore publié au Journal officiel.
Aussi, Lamine Gharbi se contente aujourd’hui de brandir un carton rouge. En réponse à « cette politique de destruction lente du secteur privé », les premières mesures de rétorsions devraient être annoncées la semaine prochaine. « Nous ne pouvons attendre 2017 et le résultat des élections », explique Lamine Gharbi. Les marges de manœuvre sont toutefois étroites.
- Olivier Drevon, président de l'UNCPSY
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