Dr Brigitte Tregouet, généraliste et ex-référente d'un centre de vaccination

3e dose : « N’est-on pas en train de s’emballer ? »

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Publié le 03/09/2021
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Le Dr Brigitte Tregouet est médecin généraliste installée à la Roche-sur-Yon (Vendée). Depuis sept mois, elle participe à la campagne de vaccination en tant que médecin référente du centre de son département. Depuis mai, la praticienne vaccine également en cabinet avec Moderna. Après l’annonce du lancement d’une campagne de rappel pour les plus de 65 ans suite à l'avis de la Haute Autorité de santé (HAS), la généraliste a décidé de mettre un terme à sa mission de référente.

Que reprochez-vous à la campagne de rappel lancée récemment par le gouvernement ? 

Dr Brigitte Tregouet : Je ne suis pas contre une campagne de rappel. Dans les Ehpad qui sont des lieux clos avec en leur sein des personnes fragiles, la troisième dose est justifiée. En revanche, en population générale, cette troisième dose est complètement hors protocole. Je respecte la HAS mais j’ai regardé sur quoi elle s’appuyait scientifiquement et je n’ai rien trouvé.

Cette troisième dose n’a pas été validée par l’EMA et il n’existe pour le moment aucune étude scientifique qui prouve qu'elle est utile et bénéfique. Pour la première et la seconde dose, nous avions pu nous reposer sur les protocoles des laboratoires qui avaient été validés par l’Agence du médicament américaine.

Que craignez-vous ? 

Dr B. T. : Aujourd'hui, tous mes collègues qui travaillent en centre de vaccination ont la même interrogation que moi : n’est-on pas en train de s’emballer ? Une fois vaccinés avec deux doses, les gens peuvent développer le Covid mais pour la très grande majorité des cas, ces formes ne seront pas graves. Avec les vaccins Moderna et Pfizer, il existe quelques effets secondaires rares mais graves (myocardites et péricardites). Cela change donc la donne et avec cette troisième dose, la balance bénéfice-risque doit être réévaluée.

Vous avez donc pour l'instant pris le parti de ne pas participer à la campagne de rappel ? 

Dr B. T. : Dès le début de la campagne de vaccination je suis allée au charbon pour convaincre les gens de se faire vacciner en m’appuyant sur des études mais dans l’état actuel des choses, je ne peux y aller sans qu’aucun protocole n’ait été validé. J'ai donc, en effet, décidé de mettre fin à ma mission de médecin référent au sein du centre de vaccination dans lequel j'ai vacciné. Cette campagne de rappel se fait au doigt mouillé ! D'ailleurs, après l'effort fourni pendant plus de sept mois par les soignants, nous aurions apprécié être mis au courant de cette décision. Mais Olivier Véran a décidé de l'annoncer aux médias avant, je trouve qu'il a fait preuve d'un grand irrespect…


Source : lequotidiendumedecin.fr