Le débat sur la clause de conscience des médecins une nouvelle fois relancé ? En voulant défendre le droit des praticiens à ne pas pratiquer d'interruption volontaire de grossesse, le Dr Bertrand de Rochambeau, président du syndicat national des gynécologues obstétriciens français (Syngof), a déclenché une polémique. Interrogé par l’émission Quotidien diffusée mercredi sur TMC, le syndicaliste a exprimé très clairement sa position. En réponse à une journaliste qui rappelait que l'IVG n’était pas un homicide du point de vue de la loi, le président du Syngof a objecté : « Si, madame [...] Nous ne sommes pas là pour retirer des vies ». « En tant que médecin, je ne suis pas forcé d'avoir votre opinion et, si je ne l'ai pas, la loi me protège et ma conscience aussi », a-t-il ajouté.
« Nous ne sommes pas là pour retirer des vies. »
— Quotidien (@Qofficiel) 11 septembre 2018
Le docteur Bertrand De Rochambeau est président du syndicat des gynécologues et il refuse de pratiquer des IVG. Il a accepté de répondre à @valentineoberti.#Quotidien pic.twitter.com/hXu78bEDEi
Condamnation de toutes parts
La réaction de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn et de la secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué commun, elles « condamnent fermement les propos du Dr de Rochambeau ». Rappelant les droits et les devoirs des médecins sur l’IVG, elles soulignent aussi que « l’IVG est un droit trop souvent menacé pour lequel il convient de ne relâcher aucun effort ». « Cela fait maintenant plus de 40 ans que ce droit est acquis aux femmes. Rien ni personne ne doit l’entraver », affirme Agnès Buzyn. « Nous ne devons laisser passer aucune attaque, d’où qu’elle vienne … », ajoute Marlène Schiappa.
Contacté par Le Généraliste, le Dr Jean-Marie Faroudja, président de la section « Éthique et déontologie » au Conseil national de l'Ordre des médecins, « déplore cette sortie médiatique ». « Il y a une loi qui est applicable et un code de déontologie qui permet aux médecins d'opposer leur clause de conscience mais à titre individuel », rappelle le conseiller ordinal.« Cette opinion personnelle ne peut effacer le fait que le Dr de Rochambeau est également président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens, ce qui pose le problème de la portée de ses propos tenus dans une émission de grande écoute », a également réagi l'Ordre dans un communiqué. Le Cnom rappelle également, tout comme la ministre, que même lorsqu'un médecin oppose sa clause de conscience, « le code de déontologie précise que, le médecin doit impérativement en avertir le patient, et transmettre sans délai à un autre médecin désigné par ce patient, toutes les informations utiles à la poursuite de la prise en charge ».
Le Syngof se désolidarise
Contacté par Franceinfo, le Syngof a pris ses distances avec son président : « Bertrand de Rochambeau s'est exprimé en son nom personnel et pas au nom du Syngof. Le Syngof ne remet nullement en cause l'IVG, nombre de gynécologues au sein du Syngof pratiquent les IVG. »
Cette polémique intervient après que les débats autour la clause de conscience ont été relancés par la fermeture de l’activité IVG du Pôle Santé Sarthe et Loir à l’hôpital du Bailleul. Le médecin qui réalisait les IVG parti à la retraite, trois des quatre praticiens ont fait valoir leur clause de conscience. Des parlementaires se sont alors indignés de la situation et le Syngof, déjà à l’époque, est monté au créneau pour défendre la clause de conscience qu’il sentait menacé. Il y a une semaine, Marlène Schiappa a annoncé la reprise des IVG dans l’hôpital du Bailleul.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes