C'est un des dossiers qui tenait à cœur à Marisol Touraine. Lors de sa passation de pouvoirs avec Agnès Buzyn, la désormais ex-ministre de la Santé avait fait part de son regret de n'avoir pu faire aboutir une loi sur l'obligation vaccinale. Elle espérait que le flambeau soit repris par Agnès Buzyn : c'est semble-t-il chose faite. Dans une interview accordée aujourd'hui au Parisien, la ministre de la Santé a en effet déclaré réfléchir "à rendre obligatoire, pour une durée limitée, les onze vaccins destinés aux enfants".
Alors que seuls trois vaccins infantiles sont obligatoires (diphtérie, tétanos et poliomyélite) et huit autres ne sont que seulement recommandés (coqueluche, hépatite B, rougeole...), la ministre a rappelé que cette distinction est "une exception française qui pose un vrai problème de santé publique". Et de poursuivre : "Nous réfléchissons donc à rendre obligatoires les onze vaccins" (poliomyélite, tétanos, diphtérie, coqueluche, rougeole, oreillons, rubéole, hépatite B, bactérie Haemophilus influenzae, pneumocoque, méningocoque C) "pour une durée limitée, qui pourrait être de cinq à dix ans", a indiqué la ministre, soulignant que "l'Italie l'a fait la semaine dernière".
Un sujet polémique
Sur ce thème de santé publique sujet à polémiques, la position de la nouvelle ministre fait déjà réagir. Si suite à la conférence citoyenne sur la vaccination, menée par le Pr Alain Fischer, le comité d'orientation avait tranché en faveur de l'obligation vaccinale des 11 vaccins, du côté des anti-vaccins, on n'est bien entendu pas d'accord. "Ce serait une hérésie", dénonce Jacques Bessin, président de l'Union nationale des associations citoyennes de santé (UNACS) dans Le Parisien. Selon lui, "les vaccins ont des effets secondaires neurologiques, musculaires mal mesurés et parfois irréversibles". "On ne laissera pas faire", a-t-il déjà annoncé. A l'inverse, pour le professeur Alain Fisher, cité dans Le Parisien, "malheureusement il n'y a pas d'autres solutions pour lutter contre la recrudescence des maladies infantiles. C'est un mal transitoire pour un bien sûr le long terme", a-t-il affirmé. Premiers retorus fabvorables aussi du côté des syndicats de médecins. Ainsi, la CSMF approuve-t-elle cette orientation et "encourage la ministre de la Santé à mettre en œuvre une politique vaccinale ambitieuse pour rétablir la confiance des Français dans les vaccins."
La ministre entend d'ailleurs bien "faire œuvre de pédagogie". "La vaccination ce n'est pas seulement l'intérêt qu'on y trouve soi-même, c'est un enjeu de solidarité, une façon de protéger l'ensemble de la société", martèle-t-elle. Elle ne se montre pas davantage désarçonnée par les critiques estimant que cette décision ferait la part belle aux laboratoires pharmaceutiques : "Oui, les industriels gagnent de l'argent, mais on ne peut pas réduire la question de la vaccination à l'intérêt des laboratoires", a-t-elle tranché.
Vers un paquet de cigarettes à 10 € ?
Sur la lutte contre le tabagism, Agnès Buzyn pourrait aussi aller plus loin que Marisol Touraine. Toujours dans Le Parisien, la nouvelle locataire de l'Avenue de Ségur assure qu'elle n'est "pas contre" une hausse du paquet de cigarettes à 10 €. Une mesure promise par Emmanuel Macron pendant sa campagne. "La hausse du prix du paquet est une façon de faire baisser le nombre de fumeurs. (...) J'entends l'inquiétude des Français sur leur pouvoir d'achat, a confié la ministre. En ajoutant : "Il s'agit d'un impératif de santé publique. Le tabagisme est une vraie maladie". Agnès Buzyn devrait donc poursuivre avec sévérité la lutte contre le tabagisme et aller plus loin que l'ex ministre Touraine, qui avait pourtant fait de ce combat un thème majeur de la politique de santé publique : paquet neutre, opération "Mois sans tabac", augmentation du prix des cigarettes…
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