Le climat social s’est singulièrement dégradé ces dernières semaines. La France connaît son premier grand mouvement de contestation depuis le début du quinquennat Macron. Partout en France, près de 300 000 “gilets jaunes” ont bloqué samedi des axes routiers pour protester contre la hausse des taxes du carburant. Mais ce mouvement de colère populaire contre le ras-le-bol fiscal et la vie chère pourrait perdurer. Le refus ferme, dimanche soir, du Premier ministre de revenir sur la taxe carbone – certes utile contre le dérèglement climatique – devrait accentuer la fracture. Et le monde de la santé, dans tout ça ? Le risque est grand de voir les infirmières qui étaient en grève mercredi et les ambulances se joindre à la grogne des automobilistes et des chauffeurs routiers.
Emmanuel Macron, dont la cote de popularité s’est effondrée (73 % d’opinions défavorables, selon un récent sondage Ifop pour le JDD), porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle. Plusieurs épisodes ont montré combien le chef de l’État était déconnecté des classes populaires. Lorsqu’il a taxé les Français de « Gaulois réfractaires au changement » fin août, lors d’un voyage officiel au Danemark. Ou quand il a conseillé à ce jeune horticulteur au chômage de traverser la rue pour trouver un emploi dans l’hôtellerie, la restauration ou le bâtiment. Était-il judicieux, enfin, de demander aux personnes retraitées qui déploraient leur maigre pension de retraite d’arrêter de se plaindre ?
En voulant maintenant passer en force, l’exécutif risque de compliquer la reprise du dialogue social et de compromettre ses futures réformes. La semaine dernière, la ministre de la Santé a aussi fait preuve d’autoritarisme. Agnès Buzyn a provoqué la surprise en attaquant devant l’Ordre trois syndicalistes médecins qui avaient appelé leurs confrères remplaçants à boycotter les hôpitaux appliquant l’encadrement des tarifs. L’affaire a hérissé le monde syndical. Le gouvernement vit décidément une période compliquée avec les gilets jaunes et les blouses blanches.
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