Promesse électorale d’Emmanuel Macron, le futur service sanitaire obligatoire pour les étudiants en santé a été officiellement présenté ce lundi à Angers par Agnès Buzyn et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur. Le projet s’appuie sur les recommandations d'un rapport du Pr Loïc Vaillant.
Dès la rentrée 2018, les étudiants en médecine, maïeutique, pharmacie, odontologie, kinésithérapie et soins infirmiers, soit 47 000 étudiants, devront donc conduire des missions de prévention dans les services de santé scolaires des écoles et lycées, les Ehpad, les prisons ou les entreprises. L’année suivante, ils seront rejoints par les autres filières en santé comme l’ergothérapie ou l’orthophonie. Ces actions de prévention concerneront en priorité la nutrition, les addictions, l’activité sexuelle et la vie affective et la promotion de l’activité physique.
Trois mois en 3e année
Ce service sanitaire sera obligatoire pour les étudiants en santé mais n’interviendra pas au même moment des études pour tout le monde. En médecine, c’est la troisième année qui a été choisie. Un soulagement pour les étudiants qui souhaitaient que le service sanitaire intervienne pendant le 1er cycle. « Nous serons tout de même vigilants à ce que cela ne chamboule pas tout le cursus et à ce que tous les enseignements puissent être réalisés dans un calendrier déjà chargé », souligne Yanis Merad, président de l’Anemf.
Au total, ce sont trois mois que les étudiants en médecine devront « donner » à ce projet » (ou six semaines à temps plein) en une fois ou de façon discontinue.
Ce projet, « une première européenne », qui s’inscrit dans la stratégie nationale de santé et veut accentuer la prévention, est salué par les futurs médecins. « Nous demandons de longue date d’avoir davantage d’enseignements sur la prévention, aujourd’hui anecdotique dans notre formation », explique Yanis Merad. Sur le fond, les étudiants en médecine appuient donc ce projet « très ambitieux », mais sur la forme également : « il rend l’étudiant acteur de la prévention, puisque c’est lui qui participe à la création du projet ». Le président de l’Anemf salue aussi l'interprofessionnalité du service sanitaire, dimension à laquelle les futurs médecins sont « très attachés », mais qu’ils ont « très peu d’occasion de mettre en place pendant leur formation ».
Mais concrètement, sur le terrain, les étudiants en santé n’ont pas attendu le service sanitaire pour s’impliquer dans la prévention. Impulsées notamment par le milieu associatif, des initiatives sont déjà organisées sur les territoires. C’est le cas notamment à Angers, Clermont-Ferrand, Caen ou Dunkerque. C’est donc tout naturellement que ces terrains seront ceux des premières expérimentations du service sanitaire à partir de mars.
Calendrier resserré
Concrètement sur les trois mois, les étudiants auront dans un premier temps une formation pour acquérir les compétences nécessaires à leur intervention, ils interviendront ensuite sur le terrain et dans un troisième temps ils effectueront un débriefing et une évaluation auprès du référent service sanitaire. Le calendrier de mise en place du service sanitaire est assez ambitieux. Ces échéances rapides inquiètent quelque peu les étudiants. « C’est notre point de vigilance majeur. C’est une belle mesure et il serait dommage qu’elle soit bâclée et qu’on dégoûte les étudiants de la prévention », juge Yanis Merad. Le carabin craint notamment que la part consacrée à la formation pendant le service sanitaire en pâtisse et passe à la trappe. L’association des étudiants en médecine, sera également particulièrement attentive à l’aspect financier pour les étudiants. Elle avait préconisé une rémunération qui n’a pas été retenue, mais le rapport Vaillant réaffirme la nécessite d’indemniser les étudiants en cas d’éloignement géographique. « Si c’est le cas, alors il n’y aura pas de problème à aller faire le service sanitaire dans des territoires éloignés. »
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