Pour les ténors de l’ex-majorité, c’est l’heure des confessions publiques et des mea culpa. Alain Juppé a été le premier à inaugurer l’exercice à la Baule au début du mois. Occasion pour lui de faire des excuses au corps médical libéral sur son plan éponyme de 1995 et les ordonnances qui ont suivi… François Fillon a enchaîné, le week-end dernier, devant les troupes du SML réunies à Marseille. L’ancien responsable gouvernemental concédant, bon prince, que les ARS mises en place par « sa » réforme HPST ont suivi depuis une dérive par trop bureaucratique. Cet exercice d’auto-flagellation auquel se livrent les leaders de la droite, en exclusivité pour les libéraux de santé, semble plutôt plaire à ces derniers, si l’on se réfère aux succès obtenus à l’applaudimètre par les deux anciens Premiers ministres.
Mais il est encore bien tôt pour en tirer des conséquences. Certes, Juppé comme Fillon font de la médecine libérale à la fois la base et le summum du système de santé à la française. Certes, ils conviennent, l’un et l’autre, que l’acte intellectuel du praticien est sous-honoré. Tout cela ne suffit pourtant pas à bâtir une politique de santé différente tant les schémas de pensée semblent toujours, en la matière, communs à la droite et à la gauche. Depuis le début du mouvement de contestation des médecins de ville, la seule hardiesse de l’opposition a été de réclamer avec eux l’abandon du tiers payant généralisé. Et encore, mezza voce. Au-delà, on ne voit pas encore une alternative se dessiner. Fillon est allé un peu plus loin que les autres, promettant l’abrogation pure et simple de la réforme Touraine. Las ! Ce jusqu’au-boutisme – qu’explique peut-être son retard dans la primaire présidentielle – est loin d’être partagé par tout le monde dans son camp…
Les semaines qui viennent seront donc intéressantes à observer. Car, pour l’heure, la droite en a trop dit ou pas assez. Comment négociera-t-elle le « virage ambulatoire » ? Jusqu’où ira-t-elle dans la déshospitalisation du pays ? Quelles solutions pour les déserts médicaux ? Quels moyens pour la médecine générale ? Mystère. C’est au pied du mur qu’on voit le maçon. Et l’attitude des élus d’opposition lors des récents débats parlementaires n’éclaire pas davantage sur la suite. Ah, si… Beaucoup ont dit non aux salles de shoot, ont rejeté le paquet neutre et élargi la pub sur l’alcool ! Certes, ils ne sont pas les seuls dans l’hémicycle. Mais tout de même, on espère que ça n’augure pas de la santé publique de demain…
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