Le Dr Claude Malhuret, 75 ans, n’en est pas à son coup d’essai. Mais, cette fois-ci, les mots ciselés du médecin épidémiologiste de formation, avocat et sénateur habitué des punchlines, ont résonné puissamment outre-Atlantique et dans le monde entier, faisant de cet élu la star made in France des opposants au président Donald Trump. Le tout, en s’inspirant avec panache de Cicéron, l’un des plus brillants orateurs de l’Antiquité, auteur des Catilinaires, prononcés en 63 avant Jésus-Christ.
« Washington est devenu la cour de Néron. Un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine, chargé de l’épuration de la fonction publique. C’est un drame pour le monde libre, mais c’est d’abord un drame pour les États-Unis », a-t-il scandé à la tribune du Sénat le 4 mars, lors du débat sur la situation en Ukraine et la sécurité en Europe.
Trump, un « traître »
Le président des sénateurs Les indépendants – République et Territoire (Horizons) n’a pas mâché ses mots dans sa tirade de neuf minutes, très applaudie. « Nous étions en guerre contre un dictateur, nous nous battons désormais contre un dictateur soutenu par un traître », a-t-il résumé. Donald Trump également qualifié de « planqué du service militaire », osant donner « des leçons de morale et de stratégie au héros de guerre Volodymyr Zelensky », le président ukrainien attaqué verbalement dans le Bureau ovale. « Que faire devant cette trahison ? La réponse est simple : faire face. »
Relayée à des milliers de reprises sur les réseaux sociaux, regardée par plusieurs millions d’utilisateurs et traduit notamment par les médias américains, la diatribe du sénateur de l’Allier a été distinguée en particulier par la chaîne d’information continue CNN, souvent prise pour cible par la Maison Blanche. De son propre aveu, Claude Malhuret aurait reçu de nombreux messages de soutien d’Ukrainiens et aussi d’Américains. « Jamais dans l’histoire un président des Etats-Unis n’a capitulé devant l’ennemi, jamais aucun n’a soutenu un agresseur contre un allié, jamais aucun n’a piétiné la Constitution américaine (…) Ce n’est pas une dérive illibérale, c’est un début de confiscation de la démocratie », avait aussi lancé le médecin sénateur, le ton grave.
CV pléthorique
Sur France Info, Claude Malhuret s’est réjoui de ce très large écho, gardant la tête froide : « S’il y a eu tant de réactions, c’est parce que c’est ce que pensent beaucoup de gens, sans doute une majorité d’Américains aujourd’hui… Et moi, je n’ai rien à craindre de Trump. C’est l’avantage d’être dans une démocratie. »
Le CV de l’élu septuagénaire est impressionnant : président de Médecins sans frontières (1978-1986), confondateur de Doctissimo, secrétaire d’État chargé des Droits de l’homme (1986-1988), maire de Vichy (1989-2017), député européen (1989-1993), député de l’Allier (1993-1997) puis sénateur de l’Allier depuis 2014. Lors de son passage au gouvernement Chirac, il avait donné son nom à la loi du 22 juillet 1987, dite « Malhuret », laquelle étend l'exercice de l'autorité parentale par les deux parents aux couples non mariés et aux couples divorcés. Proche d’Édouard Philippe, Claude Malhuret a multiplié ces dernières années les discours tranchés au Sénat pour marquer l’opinion et les réseaux « antisociaux », comme il aime les qualifier.
La politique de François Hollande, alors président ? « Restaurant ouvrier, cuisine bourgeoise ! », taclait-il. Jean-Luc Mélenchon, qu’il abhorre ? Un « guide suprême de la France soumise à Poutine, vêtu d’un manteau de cuir qui aurait fait fureur dans les années 1930 ». Les antivax ? Autant de « trafiquants de fake news, résistants des boulevards, “has not been” de la chanson française et Sakharov de la dictature sanitaire », énumérait-il, cinglant. « En définitive, la meilleure preuve des progrès de l'humanité, c'est qu'en 2 500 ans nous sommes passés de Socrate sur l'agora à Francis Lalanne sur Facebook. »
Défenseur de l’IVG
Claude Malhuret avait également fait sensation lors du Congrès réuni pour l’inscription de l’IVG dans la Constitution, à Versailles, le 4 mars 2024. Se remémorant son passé de jeune médecin dans un « petit hôpital dans un coin perdu d’un pays du Sud » où l’avortement était interdit, il évoquait l’examen qu’il avait dû réaliser au milieu des années 70, d’une jeune femme de 17 ans, soupçonnée d’avoir avorté de manière clandestine (donc d’infanticide), sous l’œil des gendarmes. « Je revois cette adolescente redoublant de pleurs entre ces deux gardes, je repense souvent à elle », avait-il narré, avant d’affirmer avec force. « Chez nous, ces histoires n’existent plus depuis la loi Veil. »
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