C’est parti pour la santé dans le cadre de la présidentielle ! Enfin, presque… Redoutant que le débat ne soit une nouvelle fois escamoté, le Think Tank « Économie santé » a en tout cas décidé jeudi 14 avril de prendre les devants.
Ce groupe de réflexion qui rassemble une quarantaine de décideurs et d’acteurs du monde de la santé, sous l’égide des Échos et la houlette du Dr Philippe Leduc, n’en est pas à ses premières préconisations. Mais il regrette le temps perdu depuis 2012 : « un quinquennat après, et à la veille d’un autre, force est de constater que les difficultés d’alors n’ont pas franchement été résolues. » Pour ses membres, il y a pourtant urgence : « Aujourd’hui, pour maintenir la qualité des pratiques, l’accès aux soins et à la solidarité, il n’est plus temps de finasser », martèlent-ils, espérant que les candidats seront cette fois amenés à s’engager sur le terrain de la santé.
Un système sur-administré
Mais où et dans quel sens ? Le Think Tank (auquel participe notamment le président de la CSMF, celui du CNPS, mais aussi Jacques Lucas, le vice-président du Cnom, le président de Groupe Pasteur Mutualité, Noël Renaudin, l’ex-Monsieur Médicament du gouvernement ou l’ancienne ministre Élisabeth Hubert) livre quelques pistes. À commencer par un vigoureux plaidoyer pour que la réforme de la gouvernance n’attende pas. « La gestion de la ville et de l’hôpital doit être confiée à une structure commune », martèle la « reco 2016 », qui souhaite en finir avec la dyarchie Etat-Assurance Maladie dans la gestion respective des hôpitaux et de la médecine de ville. « Force est de constater que le système de soins en France est sur-administré et pas assez régulé », souligne-t-elle. Estimant que « tout l’enjeu sera de trouver le bon niveau d’autonomie-contrôle ».Au chapitre des ressources, le Think Tank relève aussi que le médecin traitant « n’a pas aujourd’hui les moyens de remplir les missions qui lui sont confiées. » Et d’inciter les politiques à s’engager sur la création d’un forfait structure lui permettant de relever les défis de l’éducation thérapeutique et de la coordination des soins.
Au-delà, c’est à une véritable territorialisation du système de santé qu’appelle « Économie santé ». Avec un véritable « mandat de santé publique aux médecins libéraux au niveau territorial », de vraies marges de manœuvre pour les ARS et la possibilité de décliner à ce niveau les conventions avec les professionnels.
Prendre le TGV de la modernité
Place aussi aux nouvelles technologies. Qu’il s’agisse de la médecine prédictive, des traitements de précision, du coût des innovations ou des potentialités ouvertes par le big data, les signataires prédisent un raz-de-marée d’innovations en santé. Et avec la certitude que la France ne doit surtout pas être à la traîne : « Il faudra faciliter l’échange entre les professionnels de santé de toute nature et créer une infrastructure de réseau compatible et une interopérabilité des données », conseillent-ils. Le challenge pourrait, selon eux, résoudre jusqu’aux problèmes des zones déficitaires en médecins : « Pour lutter contre les déserts médicaux, il serait plus efficace pour l’État de garantir l’accès au haut débit dans les régions les plus isolées de France que d’essayer d’implanter de force des médecins dans des villages dans lesquels l’État lui-même a depuis longtemps supprimé tous les services publics », assènent-ils !
Aux grands défis, les grands moyens : « Nos politiques sont-ils prêts à investir dans ce domaine ? Compte tenu des limitations budgétaires, sont-ils prêts à faire des choix et arbitrages pour entrer dans la course à l’innovation ? », interroge le Think Tank, pour lequel, en la matière, l’investissement doit être massif, de même que le soutien public : il ne faut surtout pas rater le train de la modernité.
Fini le surplace aussi dans le domaine du financement de la santé. « Économie Santé » plaide pour un financement universel, qui ne reposerait plus du tout sur le travail et suggère un transfert vers la CSG, la TVA ou un mix des deux. On en profiterait aussi pour clarifier les périmètres de l’Assurance Maladie et des complémentaires, soit en spécialisant ces dernières sur un champ réellement distinct de l’AMO, soit en transférant des charges de l’AMO vers l’AMC. Une idée pas si nouvelle : mais qui a osé jusque-là la réaliser ?
…Autre principe sur lequel ce Think Tank demande aux politiques de se prononcer : la règle d’or imposant le remboursement de tout déficit l’année suivante. Un principe souvent évoqué, mais que jamais aucun président ou ministre n’a eu l’audace d’ancrer dans le marbre législatif…
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