Actuellement, se dessine le projet de mise sur la place publique de la révolte d'une profession au service de tous, malmenée par les pouvoirs publics (avec, aux aguets, les systèmes financiers) et dont le catalyseur est l'actuel projet de loi de santé.
Il ne faut pas rater ce cap, car il va conditionner le futur de notre exercice, en tant que praticiens médicaux mais aussi notre futur, en tant qu'usager du système de soins.
Bien sûr, il existe beaucoup d'écueils à notre prise de conscience collective et surtout à notre mode d'action :
– Le sentiment, pour certains, très honorable par ailleurs, de faire partie d'une caste de privilégiés, dans une société en difficulté. Ce sentiment est honorable, mais il ne doit pas occulter le fait que nous ayons une responsabilité vis-à-vis de nos patients et que les conditions de leur future prise en charge doivent aussi nous interpeller.
– L'hétérogénicité de nos exercices et de nos intérêts : des généralistes en secteur 1 aux spécialistes en dépassement d'honoraire, en passant par les modes d'exercice particulier (MEP). Nos intérêts financiers sont souvent divergents : généralistes sous-cotés, certains spécialistes en dépassement sur-cotés (même si, chacun le sait, cette dérive, est largement la faute des instances publiques qui n'ont jamais réévalué la valeur réelle des actes médicaux car cela les arrangeait de renvoyer ce problème sur les assurances complémentaires).
– La pseudo-déontologie ayant mené à ne pas dénoncer certains abus manifestes !
– Le côté parfois trop catégoriel, de nos syndicats (même si peu d'entre nous sont syndiqués), qui amène à des signatures considérées par certains comme des trahisons (même si, nombre de fois, leurs prises de position, n'étaient là que pour éviter des mesures plus restrictives pour repositionner l'intérêt de leurs troupes). En tout cas, il n'y avait qu'eux pour signer ou refuser de signer !
– La vision à courte vue de beaucoup de nos patients (pour ne pas dire des « usagers du système de soin»), dont souvent, le seul souci est celui de leur prise en charge économique et non personnelle de leur état de santé et le côté pratique d'un tiers payant !
Au-delà de ces considérations, il faut surtout se poser la question, de la perspective d'évolution de notre système de soins et de notre rôle dans celui-ci : cette réforme de santé est présentée comme un progrès social, pour l'accès aux soins (ce dont beaucoup d'entre nous doutent !), certains acteurs privilégiés dans son élaboration ont affirmé clairement l'intention de faire disparaître le système libéral, qui ne serait plus adapté à notre société (Mme Brigitte Dormont, responsable de la chaire d'économie de la santé, à la faculté de Dauphine, une des principales initiatrices de cette loi de santé).
Sommes-nous d'accord, pour ce mode d'évolution ? Peut-être avons-nous à y gagner sur le plan financier (il suffit pour chacun, de faire le ratio entre les coûts de ses honoraires de ses prescriptions et de comprendre comment les payeurs (publics ou privés), qui ne devraient être que des assureurs ou des rembourseurs, pourraient nous flatter financièrement pour réduire le coût de nos prescriptions, mais sur le dos de qui ?).
Bien sûr, nombre d'entre nous sont sensibilisés aux coûts de leurs interventions et de leurs prescriptions et cela est tout à fait louable, dans une société qui ne devrait plus vivre sur un mode dispendieux. Néanmoins, cela doit-il justifier que notre intelligence, notre bon sens (sans parler de nos connaissances médicales que peu de technocrates et de financiers possèdent) et notre connaissance et notre proximité de nos patients doivent plier sous des contraintes purement économiques ou idéologiques ?
C'est toutes ces questions qu'il faut se poser avant d'accepter de subir ou de refuser cette évolution !
Il y a un tournant à franchir : soit accepter cette évolution (voire la subir), soit s'indigner!
Pour s'indigner il n'y a qu'une solution : montrer notre importance par notre absence ! indignons-nous, indignez-vous! Pour cela, suivez les forums médicaux et l'évolution des coordinations régionales et de l'UFML,mais ne restez pas passifs.
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