Lors du lancement de la semaine européenne de la vaccination le 18 avril dernier, Agnès Buzyn a annoncé que les régions Guyane et Grand est avaient été retenues pour une expérimentation visant à améliorer les pratiques des professionnels de santé autour de la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) et à améliorer la couverture vaccinale HPV. Clara de Bort, directrice générale de l’Agence régionale de Santé de Guyane, nous en dit plus sur ce qui va être mis en place en Guyane.
LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN : Selon vous, pourquoi la Guyane a-t-elle été retenue ?
Clara de Bort : Le sujet est très important en Guyane où le cancer du col de l'utérus est le deuxième cancer le plus fréquent - en France, il se situe à la 8e position. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène : les premières relations sexuelles sont plus précoces (autour de 15 ans contre 17 ans en métropole), la fréquence des partenaires multiples est plus élevée, le tissu sanitaire y est moins dense, les professionnels de santé libéraux ne sont pas assez nombreux… La couverture vaccinale est ainsi très basse : de 5 à 15 % au niveau du littoral (zones urbaines) et de 0 % dans les zones intérieures de la région, non accessibles par les routes.
Où va être mise en place l'expérimentation ?
L'expérimentation va se dérouler dans quatre communes isolées et peu accessibles (Maripasoula, Papaichton, Grand-Santi et Camopi) ainsi qu'à Saint-Georges et Saint-Laurent-du-Maroni.
En quoi consiste cette expérimentation ?
En septembre, les sages-femmes, les infirmiers et les médecins des centres de santé et des établissements scolaires impliqués vont bénéficier d'une formation. L'objectif est de les sensibiliser aux différents aspects du HPV (épidémiologie, pathologie, vaccination…).
La campagne de vaccination va commencer en octobre en milieu scolaire. Les jeunes filles de la 6e à la 3e, de moins de 15 ans et n'ayant jamais eu de rapport sexuel recevront la première dose du vaccin HPV. La deuxième injection se fera en avril 2020. À noter que le recueil du consentement des parents est impératif, la vaccination n'est pas obligatoire.
Cette expérimentation sera aussi l'occasion d'informer sur l'ensemble des infections sexuellement transmissibles, mais aussi de dépister par frottis les jeunes filles ayant déjà eu des rapports sexuels. Nous souhaitons profiter de cette expérimentation pour sensibiliser également les mamans au dépistage.
L'expérimentation doit durer 3 ans. Des bilans seront réalisés tous les ans. Nous espérons en tirer des enseignements pour lever les freins à la vaccination.
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