Décision Santé. Vous venez de publier une étude sur les groupements hospitaliers de territoire. En quoi les considérez-vous comme importants dans l’évolution des établissements français ?
Christophe Briant. Notre étude est plus large et porte sur les mutations stratégiques de l’hospitalisation de court séjour. Nous abordons plusieurs sujets dont les parcours de soins qui sont imposés par la loi de santé. Les évolutions incitent à créer des coopérations entre les acteurs avec une plus forte culture de la prévention et sous l’effet de la révolution numérique. Les GHT qui viennent prendre la place des communautés hospitalières de territoire deviennent donc obligatoires pour les établissements publics. Avec l’idée de mettre en place un projet médical XXXX, elles vont impliquer une recomposition hospitalière. Elles portent en elle un « effet réseau », un « effet taille » et un « effet groupe ».
D. S. Comment, selon vous, cela pourrait-il se passer en pratique ?
C. B. Le GHT doit résoudre une équation complexe mais porteuse de puissants effets bénéfiques (cf. article bit.ly/1Oi0SW9). Il doit répondre notamment aux impératifs d’accessibilité aux soins, d’intégration d’une logique de parcours de soin et de rationalisation des coûts. À terme, il s’agira notamment d’opérer une spécialisation de l’activité des CH dans le ou les domaines où ils disposent d’avantages comparée aux autres établissements du réseau. Cette spécialisation des établissements impliquera de potentiels arrêts d’activité qui devront être compensés par un partage équitable de la valeur ajoutée créée au sein du réseau et une bonne redistribution des pôles d’excellence et compétences.
D. S. Quelles incidences sur les cliniques privées ?
C. B. Déjà fortement engagées dans un mouvement de concentration à marche forcée, les cliniques doivent désormais composer avec des GHT sources d’une intensification de la concurrence avec les hôpitaux publics. La loi de Marisol Touraine n’inclut pas les cliniques dans ces GHT même si elles peuvent être intégrées aux parcours de soins en tant que partenaires. La loi crée potentiellement un parcours public de soins et interroge la politique de conventionnement des établissements publics à l’égard des acteurs du secteur privé. La refondation du service public hospitalier (SPH) ne faisant que renforcer cette impression. Si cette tendance se confirmait, des solutions plus ou moins discutables s’imposeraient aux cliniques les plus démunies et isolées comme celle de travailler avec des mutuelles et des assurances pour se garantir un volant d`activité.
D. S. La dynamique est-elle aujourd’hui du côté du public ?
C. B. La loi actuelle peut avoir des effets structurants jamais vus pour le public tandis que les acteurs du privé se doivent de réajuster leur stratégie de développement. Surtout lorsque celle-ci reposait sur une volonté, non pas de spécialisation, mais d’institutionnalisation autour du concept d’« hôpital privé ».
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