Les généralistes remplissent-ils leur rôle de prévention ? La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié hier les résultats de deux études sur les opinions et les pratiques des généralistes libéraux en matière de prévention, ainsi que sur leur réponse aux conduites addictives de leurs patients.
Ces enquêtes ont été menées par internet et par téléphone entre le 12 décembre 2019 et le 14 mars 2020 (elles ont été stoppées prématurément en raison de l’épidémie de Covid-19) sur un panel de 2 400 médecins. Les réponses recueillies ont été pondérées pour être représentatives de l’ensemble des praticiens de France (hors Mayotte), précise la Drees.
Les MSP actives en prévention
L’une des conclusions de l’étude est qu’un médecin généraliste sur cinq (21 %) a contribué à l’organisation d’actions de prévention collective. Celles-ci pouvaient être menées auprès de personnes âgées, en milieu scolaire ou auprès d’habitants de territoires fragiles, au cours des deux années précédant l’enquête. Près d’un médecin sur trois a déjà participé ou à l’intention de participer à la campagne nationale Mois sans tabac. D’ailleurs, les médecins exerçant en maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) indiquent participer nettement plus à ces dispositifs que ceux exerçant seuls ou en cabinet de groupe, renseigne la Drees.
En matière de prévention, plusieurs dispositifs sont mis en place, telles les consultations dédiées ou la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) mais elles sont diversement connues, perçues et utilisées par les médecins. En effet, depuis 2017, certaines consultations complexes entrant dans le champ de la prévention font l’objet de cotations spécifiques, ce qui permet une facturation majorée.
La majorité des généralistes (78 %) connaît au moins l’une de ces deux principales cotations : consultation de contraception et de prévention des maladies sexuellement transmissibles (MST) pour les jeunes filles de 15 à 18 ans (cotation CCP) et consultation de suivi et de coordination de la prise en charge des enfants de 3 à 12 ans en risque avéré d’obésité (cotation CSO).
La ROSP utile pour 47 % des praticiens
Cependant, seule une minorité a utilisé ces cotations au cours des six mois précédant l’enquête : 44 % pour la CCP, 26 % concernant la CSO. Au sujet de la ROSP, 47 % des médecins estiment que ce dispositif a pu favoriser leurs pratiques préventives dans au moins un des trois domaines considérés dans l’enquête (vaccination antigrippale des 65 ans ou plus, dépistage des cancers gynécologiques, interventions brèves en addictologie).
Sur la prévention des conduites addictives, 24 % à 66 % des médecins généralistes pratiquent un repérage systématique des consommations des principales substances psychoactives. Ce repérage est plus souvent mis en œuvre systématiquement (pour chacun de leurs patients, de façon renouvelée) pour le tabagisme (66 %) que pour la consommation d’alcool à risque (43 %) ou celle de cannabis (24 %). La démarche de repérage précoce et intervention brève (RPIB) sur ces trois types de consommation est utilisée par plus d’un généraliste sur cinq, mais 67 % déclarent ne pas la connaître. La Drees précise que les praticiens « se sont assez bien appropriés les nouveaux repères de consommation à risque d’alcool ("Pour votre santé, l’alcool, c’est maximum deux verres par jour et pas tous les jours"), puisque, fin 2019-fin 2020, 61 % déclarent les connaître. »
Des appels au CSAPA récurrents
Au cours de l’année précédant l’enquête, 91 % des généralistes ont fait appel à un centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) ou à un service hospitalier spécialisé, 63 % à une consultation spécialisée de tabacologie et 26 % à une consultation jeunes consommateurs (CJC) pour de l’adressage ou pour un conseil. Deux médecins généralistes sur trois déclarent avoir initié ou renouvelé des prescriptions de traitements de substitution aux opiacés (TSO) au cours de l’année précédant l’enquête.
Une majorité (63 %) des praticiens à l’origine des prescriptions de TSO et 35 % de ceux qui effectuent uniquement des renouvellements de prescriptions se considèrent suffisamment formés pour cette prise en charge. En matière de traitements antalgiques opioïdes, une large majorité (81 %) des médecins déclare informer systématiquement leurs patients ayant ce type de prescription des risques de mésusage et dépendance. Aussi, précise la Drees, « une part importante des médecins généralistes (près de six sur dix) estime être souvent confrontée à des difficultés pour respecter les recommandations quant à la durée maximale de traitement antalgique opioïde, pour leurs patients ayant des douleurs chroniques non cancéreuses. »
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes