Il aura fallu attendre cinq ans pour que Marisol Touraine propose enfin une mesure de santé originale propre à améliorer la santé de la population. Et qui ne serait pas qu’un renforcement de lois précédentes – si nécessaires qu’elles soient, telles l’accès à l’IVG ou la lutte contre le tabagisme – ou une réponse immédiate à une crise médiatique – telles la pilule de 3e génération ou le valproate de sodium chez la femme enceinte. En proposant, à l’issue du rapport du comité d’orientation de la concertation citoyenne et scientifique sur le dépistage du cancer du sein, deux consultations dédiées à la prévention à 25 et 50 ans, prise en charge à 100 %, la ministre innove. Et met clairement le cap sur la prévention en élargissant le contenu de ces deux consultations non seulement au cancer du sein mais à tous les dépistages et aux facteurs de risque. Plus encore, elle instaure une culture de prévention chez les médecins et les patientes. Au passage, elle rend cohérents les objectifs d’une ROSP sur lesquels les généralistes n’avaient jusque-là aucun levier d’action. Et elle sort par le haut d’une « concertation » qui n’était pas gagnée d’avance !
25 ans, c’est un âge de maturité suffisante pour une consultation de prévention chez une jeune femme, celui où elle peut se projeter dans sa vie d’adulte. C’est l’âge de début du dépistage du cancer du col, du repérage des femmes à haut risque de cancer du sein préconisé par la HAS, celui où l’on actualise les vaccinations, où l’on reparle des méthodes contraceptives, des IST, mais aussi du tabac, des habitudes alimentaires, des antécédents familiaux, etc. Et à 50 ans, entre diagnostic de cancer et risque de surdiagnostic, 20 minutes pour discuter du bénéfice individuel du dépistage ne sont pas de trop ! Surtout si le dépistage des autres cancers s’invite à la consultation.
Pour autant, les choses seront-elles applicables dès janvier 2018 comme le souhaite la ministre ? S’ils les réclament haut et fort, les médecins ne sont pas encore assez outillés pour structurer ces consultations de prévention et en faire des plans personnalisés de prévention. Les patientes seront-elles aux rendez-vous sans campagnes grand public ? Notamment celles qui échappent aux dépistages et qu’on cherche par tous les moyens à réintégrer ? Sans compter qu’un(e) autre ministre sera aux manettes à la date d’entrée en vigueur de cette mesure…
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