La santé ne ferait pas partie des sujets prioritaires de la campagne électorale. Alors pourquoi ne pas mener un débat* sur le sujet juste avant le deuxième tour ? Deux médecins y ont participé, le Dr François Braun, représentant Emmanuel Macron, médecin chef des urgences du CHR Metz-Thionville, président de Samu-Urgences de France et le Dr Patrick Barriot, représentant de Marine Le Pen, anesthésiste réanimateur, directeur médical de l'Institut européen de formation en santé.
Pandémie, électrochoc
L'électrochoc décrit par les deux médecins est la pandémie. Alors que le Dr Braun explique qu'elle a mis en valeur la solidité de notre système de santé, comme par exemple le fait que la gestion de la crise a été prise en charge par un seul médecin à l'échelle des GHT, le Dr Barriot souligne le défaut de complémentarité entre les secteurs public et privé. Si le secteur privé avait pu jouer son rôle pleinement, « il aurait pu éviter qu'il y ait eu autant de déprogrammations ».
Le constat du remède est assez similaire chez les deux praticiens sur la nécessité de redonner de l'attractivité aux professionnels de santé et du sens à leur métier. Cela passera par une grande concertation chez Emmanuel Macron et par un Grenelle de la santé chez Marine Le Pen.
Choc d'attractivité via une revalorisation
Le Dr Barriot met en avant « un choc d'attractivité qui passera par une revalorisation salariale et urgente ». Sans omettre les carrières en universitarisant notamment les parcours des infirmières qui pourront aller jusqu'à un doctorat. Et d'insister beaucoup sur les maillons faibles du président Macron, à savoir le secteur privé et les professionnels du domicile. Et de tacler les fermetures de lits du précédent quinquennat (18 000) et 5 700 en 2020.
Quant à son rival, le Dr Braun, il a le sens de la formule : « Le Ségur était le traitement symptomatique, il fallait le faire. Pour autant, on a donné du paracétamol, mais on n'a pas soigné la maladie de l'hôpital public. » Et de souligner l'évolution naturelle vers l'ambulatoire de l'hospitalisation. « Le nombre de lits n'est pas un problème. Ce qui en est un, c'est le nombre de lits disponibles. Pour les rouvrir, il faut réattirer les soignants. » Ce qui ferait défaut selon le Dr Braun, ce ne sont pas les salaires, mais bien la perte de sens du travail. Tandis que le Dr Barriot finance ces mesures de revalorisation avec la pertinence des soins, la lutte contre les fraudes, la suppression de l'AME, le Dr Braun ne rejette pas l'idée de relancer des négociations sur le sujet. Mais il préfère simplifier les règles hospitalières en réduisant les tâches administratives des soignants.
Suppression de l'AME, polémique
Sur des réformes de fond, le candidat du RN qui écarte les critiques formulées sur deux réformes de son parti, jugées par lui négligeables, à savoir la suppression de l'AME et des Padhue, pointe le manque d'anticipation vis-à-vis des maladies émergentes et des capacités de séquençage. D'où sa volonté de renforcer la recherche en remettant les IHU au centre du jeu. Son adversaire LREM évoque une transformation du système de santé qui de concurrentiel doit se mettre au service des besoins des gens. Et critique la proposition de suppression de l'aide médicale d'État par le RN « qui ne représente que 0,5 % du budget de la Sécurité sociale ». Les conséquences selon lui seraient un engorgement aux urgences, une aggravation des pathologies et une hausse des décès des migrants. La différence pointée serait dans la conception humanitaire du sanitaire, conclut le Dr Braun.
* Décision & Stratégie Santé, Infirmiers.com, Le Généraliste, Le Quotidien du Pharmacien, Le Quotidien du Médecin.
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