"Plus les réseaux se développeront et augmenteront leur pouvoir de négociation, plus la qualité des soins se dégradera pour la classe moyenne". C'est l'économiste Frédéric Bizard qui le (pré)dit. Ce spécialiste des questions de protection sociale a présenté jeudi sa contre analyse du rapport Asteres sur les réseaux de soins jeudi matin. Intitulé "Le vrai visage des réseaux de soin", il met en garde notamment sur les dérives de ceux-ci et propose des alternatives à la privatisation de l'assurance maladie, notamment grâce à une régulation des organismes d'assurance maladie privés (OAP). Sa principale préconisation étant de mieux encadrer les complémentaires et de renforcer l'assurance maladie.
Le rapport Arteres, critiqué par l'économiste, a été publié à l'initiative de l'Observatoire des restes à charge de Santéclair, avec le partenariat du CISS et du magazine 60 millions de consommateurs. Un trio "insolite" selon Frédéric Bizard, qui ajoute que c'est un document "qui reprend les arguments des assurances privées", mettant en avant le rôle essentiel des organismes complémentaire d'assurance maladie (OCAM) dans l'accès aux soins ou encore la régulation efficace des réseaux de soins sur les prix et la qualité. Or, réduire le rôle de l'assurance maladie dans l'avenir, l'économiste n'y croit pas. S'il ne minimise pas le rôle des OAP dans le futur système de financement des dépenses, il précise que celui-ci devra être davantage encadré et ne pas interférer avec la gouvernance des soins. "En santé, on ne peut pas continuellement baisser les prix, augmenter le volume et assurer la qualité des soins", a-t-il affirmé.
Réguler les acteurs complémentaires pour préserver la qualité des soins
Frédéric Bizard pointe aussi du doigt les frais de gestion importants des acteurs complémentaires privés, qui ont augmenté de 1,3 milliard d'euros chaque année depuis 2000, tout en, selon lui, diminuant les retours sur cotisation et la qualité de la couverture de risque. "Le marché des OAP est devenu un marché de rente. La moitié des remboursements couvrent les tickets modérateurs de ville au lieu de couvrir de vrais risques", dénonce-t-il. Des données qui lui font penser qu'une supervision de la part d'une autorité indépendante serait nécessaire. une idée avancée notamment par François Fillon.
Et de prévenir : la privatisation de la gestion du risque est également d'après sa contre analyse une rupture avec les principes solidaires de notre système de santé. "La loi Le Roux a marqué ce choix politique pour la privatisation du système de santé, et les réseaux de soins devront susciter le débat pour que cette question soit tranchée à l'élection présidentielle de 2017", a-t-il conclu.
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