À l’issue du premier tour des législatives, le 30 juin, les médecins candidats connaissent leur sort. Le Rassemblement national (RN), qui réalise un score de 33,15 %, a viré en tête devant le Nouveau Front populaire (NFP, 27,99 %). Le parti présidentiel est à la traîne avec 20,83 % des suffrages. Dans de nombreuses circonscriptions, les candidats médecins à la députation sont encore présents. Certains ont été élus dès le premier tour. Tour d’horizon.
Le Pr Juvin élu dès le premier tour
L’anesthésiste et chef des urgences de l’Hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP), avocat du cumul emploi-retraite, doit être soulagé. Le Pr Philippe Juvin, qui se présentait dans la 3e circonscription des Hauts-de-Seine, a été élu dès le premier tour avec 52,09 % des voix. Loin devant la candidate socialiste du NFP, Isabelle Dahan (31,44 %) et celle du RN, Carole Roussel (14,20 %). Dans ce département, un accord de soutien mutuel entre le camp d'Emmanuel Macron et les représentants de la droite locale avait été signé.
C’est le cas également du généraliste, le Dr Thierry Frappé (RN), dans la 10e circonscription du Pas-de-Calais. Avec 60,61 % des voix, il est élu d’office, comme cela avait déjà été le cas en 2022. Il a surclassé la candidate socialiste du NFP (18,79 %), celui de l’UDI (10,50 %), ainsi que le représentant de la majorité (8,52 %).
Un duel favorable à la majorité
La Dr Stéphanie Rist, rhumatologue qui fut rapporteure du dernier budget de la Sécu (PLFSS) et à l’initiative de plusieurs lois marquantes, finit d’une très courte tête à la première place dans la 1re circonscription du Loiret, avec 31,60 % des voix, soit 69 voix de plus que Ghislaine Kounoswki (NFP, 31,47 %). Cette dernière a néanmoins choisi de se retirer pour éviter tout risque de voir la candidate du RN l’emporter. Tiffanie Rabault a fini haut avec 28,03 % des voix. Seules 2000 voix séparaient les deux femmes à l’issue du premier tour.
Des triangulaires serrées
Le Dr Olivier Véran, neurologue hospitalier et ancien ministre de la Santé, est pris dans une triangulaire complexe dans la 1re circonscription de l’Isère. Deuxième avec 33,62 % des suffrages, il est certes devant le candidat de Ciotti et du RN Alexandre Lacroix (18,34%) mais derrière Hugo Prevost, l’étudiant en économie de 24 ans qui a totalisé 40,19 % des voix. La tâche ne sera donc pas évidente pour le député sortant, qui a abandonné la médecine esthétique. Il pourra peut-être compter sur les quelque 4300 voix de la LR Nathalie Béranger, qui a obtenu 6,98 % des suffrages.
C’est aussi le cas du très actif ORL et député sortant le Dr Cyrille Isaac-Sibille, qui se représente dans la 12e circonscription du Rhône, sous l’étiquette du MoDem (majorité). À l’issue du premier tour, il est arrivé en deuxième position (28,97 %), court de 600 voix derrière la candidate médecin écologiste du NFP, la Dr Lucie Gaillot Durand (30,02 %). Le RN intègre la triangulaire (24,96 %). Ce n’est pas le cas du candidat des LR Pascal Charmot, qui a empoché 13,88 % des voix. Une manne pour le Dr Isaac-Sibille ?
C’était juste – à 23 voix près – mais le Dr Thomas Mesnier (Ensemble-Horizons) est arrivé devant le RN pour son retour dans l’arène politique dans la 1re circonscription de Charente. Avec 30,30 % des voix, le candidat de la majorité devance la candidate d’extrême droite Marion Latus (30,26 %), mais se retrouve derrière le député sortant René Pilato (NFP), qui réunit 32,80 % des électeurs. Une triangulaire extrêmement serré se profile pour l’urgentiste. Il peut compter sur l’appel du LR Alain Boivin (4,02 %, 2200 voix) à voter pour lui. Suffisant ?
Des désistements en pagaille
Le député sortant et généraliste Dr Paul-André Colombani, réinvesti par le Parti de la nation Corse (PNC) dans la 2e circonscription de Corse-du-Sud est pour sa part en ballottage. Il a obtenu 26,45 % des voix au premier tour, derrière l’aspirant député du RN et délégué territorial François Filoni (35,10 %). Il pourrait bénéficier du report des voix de Valérie Bozzi (16,85 %), maire divers droite de Grosseto-Prugna et de celui de Jean-Baptiste Luccioni, candidat du Nouveau Front populaire (12,32 %). Le Dr Colombani en appelle « à tous les électeurs » pour battre le RN.
Du côté des Républicains (LR) qui refusent toute alliance avec le RN, le député sortant et cardiologue le Dr Yannick Neuder, ancien vice-président de la commission des Affaires sociales, s’est qualifié pour le second tour dans la 7e circonscription de l’Isère. Avec 27,56 % des voix, il se place devant la candidate du NFP Dominique Dichard (19,81 %), mais derrière le RN Benoît Auguste (42,10 %). La communiste devrait se retirer pour faire barrage.
Dans la 9e circonscription des Bouches-du-Rhône, la Dr Joëlle Mélin, 74 ans, figure historique du parti de Marine Le Pen, a fini largement en tête, avec 45,20 % des voix, devant le candidat socialiste du NFP, Bernard Ougourlou-Oglou (23,76 %). L’anesthésiste-réanimateur de la majorité sortante Bertrand Mas-Fraissinet voit le second tour lui échapper (18,66 %).
Même cas de figure dans la 1re circonscription du Lot-et-Garonne, où la gauche, en troisième position, appelle à voter pour le candidat de la majorité, soit le Dr Michel Lauzzana, généraliste (28,41%)… loin derrière Sébastien Delbosq (RN), qui culmine à 43,11 %.
Un autre désistement devrait permettre à une figure de la majorité d’être en position favorable dans la 1re circonscription des Landes. Il s’agit de la socialiste Marie-Laure Lafargue (NFP), qui, forte de ses 27,08 %, se retire à la faveur de l’allergologue MoDem la Dr Geneviève Darrieussecq (28,25 %), pour faire battre Véronique Fossey (37,23 %), du RN.
Ailleurs, les rangs macronistes sont en difficulté. Dans la 2e circonscription du Doubs, la Dr Dominique Voynet, médecin anesthésiste, ancienne ministre et candidate écologiste du NFP arrive certes en tête avec 34,16 % des suffrages exprimés, devant le candidat du RN, Éric Fusis (30,12 %) et Benoît Vuillemin, de la majorité (26,79 %). Mais une triangulaire se profile puisque le soutien du Président estime que « la question, elle se pose », quant à son possible désistement.
Duel d’insoumis en Seine-Saint-Denis
Dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, l’urgentiste Sabrina Ali Benali (36,39 %), ex-interne révoltée, termine le premier tour à quatre points d’Alexis Corbière (40,19 %). La candidate de La France Insoumise et du NFP affrontera en duel au second tour le candidat dissident, député sortant du territoire.
Palanquée d’éliminés
Le généraliste Jean-Pierre Pont, qui racontait la difficulté de sa campagne, s’est lui désisté après être arrivé en troisième position dans la 5e circonscription du Pas-de-Calais. À date, il n’a pas donné de consigne de vote officielle pour le second tour, qui opposera Antoine Golliot (RN) à Olivier Barbarin (Divers gauche), mais a tout de même indiqué qu’il fallait « absolument battre le RN ».
Parmi les candidatures surprises, celle de Jérôme Cahuzac, sous une étiquette de centre gauche n’a pas rencontré son public. L’ancien ministre du Budget de François Hollande a été éliminé dès le premier tour dans la 3e circonscription du Lot-et-Garonne, avec 14,56 % des voix, en quatrième position et à près de 13 000 voix d’écart d’Annick Cousin, candidate RN sortie première avec 41,08 % des voix.
Le Dr Robert Le Stum, généraliste qui avait été pris la main dans le sac dans une affaire de manquement déontologique dans le cadre de sa candidature, a été éliminé lui aussi dans la 2e circonscription de l’Hérault. C’est également le cas des Drs Marc Médina (majorité) dans la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales, Dominique Sassoon (Écologistes) dans la 14e circonscription des Bouches du Rhône, Philippe Beury (majorité) dans la 1re circonscription de l’Aube, Frédéric Seigle-Murandi (Volt) dans la 1re circonscription du Bas-Rhin, Véronique Rogez (Debout la France) dans la 5e circonscription de l’Oise, Karim Belaïd (NFP), dans la 5e circonscription de l’Aisne, Michaël Bohbot dans la 4e circonscription du Val-de-Marne, Julien Rozenberg (Equinoxe) dans la 9e circonscription de Paris et Jérôme Loriau (LR) dans la 12e circonscription de Paris.
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