3 500 étudiants en médecine ont été invités à donner leur avis, notamment sur l'avenir des épreuves classantes nationales (ECN), dans le cadre d'une grande concertation menée par l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) en vue d'une réforme du 2e cycle. Les résultats de cette seront remis au président des doyens le Pr Jean-Luc Dubois-Randé et l'étudiant Quentin Hennion-Imbault, en charge d'un rapport qu'ils remettront en décembre au gouvernement.
Le plus gros chantier auquel devront s'atteler les ministres de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal et de la Santé Agnès Buzyn sera sans aucun doute la refonte des ECN. Cette série de dix épreuves a été jugée « délétère » par le président de l'ANEMF Yanis Merad. Le mois dernier, lors du congrès de l'Ordre, le président de la conférence des doyens de médecine, le Pr Jean-Luc Dubois-Randé, avait lui même annoncé sa volonté de supprimer les ECN dont l'organisation est très lourde et qui n'est pas jugée suffisamment discriminante.
Des ECN trop lourdes
74,4 % des étudiants sondés par l'ANEMF jugent en effet qu'ils ne peuvent pas s'investir autant qu'ils le voudraient lors des stages de 2e cycle, du fait de la lourdeur de l'épreuve finale. Pas question cependant de passer à un système reposant sur le tout contrôle continu. « Les étudiants restent attachés à un contrôle final, mais ont aussi la volonté de ne pas jouer leur avenir sur trois jours d'épreuve », rapporte Yanis Merad.
Interrogés sur l'alternative qui pourrait être mise en place pour rendre cet examen moins théorique et plus juste, les carabins répondent à 73,3 % qu'ils aimeraient en finir avec le classement unique. Parmi leurs solutions, une sélection plus personnalisée, anonyme et algorithmique comme cela peut se faire au Canada avec le Canadian résident matching service (CaRMS), qui permet aux étudiants de choisir leur spécialité en fonction de l'acquisition de compétences.
Recentrer la formation sur les fondamentaux
Sur le contenu pédagogique, les étudiants imaginent des contenus moins complexes et plus diversifiés. 64,3 % des interrogés jugent que les connaissances du 2e cycle sont trop détaillées. « Il faut recentrer sur les fondamentaux, analyse Yanis Merad. Les enseignants confondent parfois objectifs pédagogiques de 2e cycle avec ceux du 3e cycle. Les étudiants veulent une formation plus approfondie sur les outils du futur praticien ; sur la prévention, la santé publique, les nouvelles pratiques… Par exemple, la télémédecine n'est évoquée que dans deux pages et demi sur les 11 000 pages de référentiels pour les ECN », déplore le président de l'ANEMF.
Les nouvelles technologies pourraient notamment permettre d'améliorer la qualité du contenu pédagogique. « Actuellement, le format des enseignements n'a pas de valeur ajoutée par rapport aux référentiels », ajoute le patron des carabins, qui plébiscite « plus de pédagogie inversée, avec des débriefings de cas cliniques avec l'enseignant ». L'ANEMF déplore notamment que la vidéo ou des outils de simulation ne soient pas plus utilisés pour permettre aux étudiants de s'entraîner.
Pour un meilleur encadrement des stages
Les carabins prônent aussi un meilleur encadrement des stages. 88,6 % d'entre eux estiment qu'il est insuffisant lors des stages hospitaliers par exemple. Valoriser le parcours personnel de l'étudiant passerait aussi par la diversification de ces stages, notamment au cabinet. « Il faut les ouvrir à la médecine libérale et aux spécialités trop peu représentées avec une orientation accrue vers des modes d'exercice très différents », suggère Yanis Merad.
L'ANEMF a remis ses propositions à la mission interministérielle. L'éventuelle réforme du 2e cycle serait au plus tôt applicable à la rentrée 2019 pour des « ECN nouvelle formule » en 2022.
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