Et si c'était Touraine qui succédait à Touraine à la Santé ? Ne souriez pas, l'hypothèse n'est pas complètement absurde. Non que Marisol Touraine ait une quelconque chance de rempiler avenue de Ségur. Elle n'en a sans doute pas envie et de toute façon Emmanuel Macron a explicitement exclu de confier un poste gouvernemental à celle qui est encore pour quelques jours la ministre de la Santé de François Hollande. Le Touraine en question pourrait en revanche s'appeler Jean-Louis Touraine du nom du professeur de médecine lyonnais sans aucun lien de parenté avec son homonyme. Dans le casting des possibles ministres de la santé, le député socialiste du Rhône, macroniste de la première heure, n'est sans doute pas le plus probable, mais un candidat possible.
Au cours de la campagne, le président élu dimanche soir a en effet annoncé que son choix se porterait sûrement sur un médecin pour tenir les rênes de l'avenue de Ségur. "Je formerai un gouvernement d'une quinzaine de membres maximum qui sera paritaire", a-t-il expliqué sur France 2 le 6 avril. Il ajoutait aussi que ce gouvernement sera composé "pour moitié des femmes et des hommes qui ont une légitimité dans la société civile. Et donc, typiquement, moi, je souhaite nommer un médecin à la santé." L'identité du futur patron de la santé n'a bien sûr pas été dévoilé. Mais les regards se tournent vers le staff santé du candidat d'En Marche qui comporte de nombreux médecins.
Un médecin généraliste figure d'ailleurs dans la liste : le Dr Michel Amiel, ex-PS député des Bouches-du-Rhône et à l'origine d'un récent rapport sur les problèmes psychiatriques des mineurs. Et on pense aussi aux deux animateurs du comité santé d'En Marche : le Pr Jérôme Salomon, professeur de santé publique et le Dr Olivier Véran. Ce dernier est celui qui a été le plus médiatisé durant la campagne intervenant à plusieurs reprises pour le compte de son champion et rencontrant les syndicats.
Ce jeune neurologue -il n'a pas 40 ans- a pour lui d'être comme eux un ancien syndicaliste, puisqu'il fut il y a quelques années le chef de file des internes de spécialité de l'ISNIH. Il connaît les arcanes de l’Assemblée pour avoir été député une partie de la législature. Et la technicité des dossiers santé ne le rebute pas. Il semble même s'y épanouir, puisqu'il fut rapporteur de la loi santé et vient de rendre un rapport à Marisol Touraine sur la façon de faire évoluer la T2A…
Trois grandes priorités
Ces dernières semaines, il s'est d'ailleurs parfois projeté sur les jours qui suivront l'élection présidentielle, évoquant le lancement d'une grande consultation avec les représentants des médecins après l’élection. Ce ne sera pas une grande conférence, ni de nouveaux "Etats généraux de la santé", mais plus probablement on peut imaginer des contacts bilatéraux aboutissant à une sorte de contrat de mandature avec les médecins : "Nous voulons organiser un dialogue sincère avec les syndicats dès le début du mandat, pour définir un cadre sur cinq ans, d’évolution de la rémunération notamment, et ensuite on laisse le dialogue social se faire", a récemment expliqué Olivier Véran au Généraliste.
Dans ce cadre, on peut imaginer par exemple, que des pistes soient posées pour relancer la prévention, chère au candidat Macron, en majorant pour ce faire la part forfaitaire dans la rémunération des médecins de ville. Très vite, le dossier du TPG sera aussi ouvert par le nouveau ministre de la Santé : pas pour jeter le bébé avec l'eau du bain, mais pour convaincre les médecins en expurgeant toute connotation obligatoire de ce chantier.
Deuxième chantier : le financement. Le nouveau locataire de l'avenue de Ségur devra rapidement avec son collègue de Bercy échafauder le PLFSS 2018. Avec a priori, une petite poire pour la soif pour le monde de la santé, puisqu'on sait déjà que l'Ondam passera à 2,3 % contre 2,1 % cette année et bien moins de 2 % l'an dernier.
Enfin, dernier dossier à ouvrir en priorité : la gouvernance. On imagine que le nouveau ministre de la Santé recevra très vite les directeurs d'ARS. D'abord, parce que c'est de tradition. Ensuite, parce que si l'équipe Macron veut redonner la main aux initiatives de terrain portées par les professionnels - comme cela a été promis pendant la campagne- cela suppose une petite révolution culturelle chez les "préfets" sanitaires…
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