Se demande-t-on pourquoi, alors que la médecine moderne individuelle a fait tant de progrès, il y a de plus en plus de malades, qui coûtent de plus en plus cher, grévant les comptes publics, alors qu’en toute logique, on aurait pu espérer une grande amélioration par rapport à ce que l'on considérait être il y a un siècle ou deux ?
Bien évidemment, il faut un bouc émissaire, et comme dans la fable « Les animaux malades de la peste », on accuse le maillon faible de la chaîne « santé », en l’occurrence, le généraliste. C'est lui qu'il faut donc condamner, à donner en pâture au peuple pour le sauver, c'est lui qui sera sacrifié le premier.
Et il y a deux signes avant coureurs de cette disparition :
- En demandant à devenir spécialiste en médecine générale, les généralistes sont montés eux-mêmes sur l'échafaud. Un spécialiste connaît tout de peu, un généraliste connaît peu de tout ; spécialiste en médecine générale est devenue une image ironique de la profession, un oxymore prémonitoire, à l'image du roi des juifs affublé d'une couronne d'épines ironique avant de le sacrifier. Lui voulait sauver les âmes, les généralistes voulaient améliorer la santé de leurs congénères.
- Le deuxième signe avant coureur est l'expérimentation du CAPI devenu ROSP, terme qui ne cache plus son nom, avec montée en puissance progressive de ce processus car les généralistes, médecins de l'individuel n'ont plus raison d'être, le politique les transforme progressivement en officiers de santé publique, donc de médecine collective ; car c'est l'objectif inavoué des politiques. (...)
Les politiques n'ont rien compris à ce qu'est le métier de médecin généraliste ; la formation des généralistes a été complètement ratée. La meilleure solution pour les politiques est de s'en débarrasser et de les transformer progressivement en uniquement des officiers de santé publique bien obéissants. Les patients tiennent encore à eux, car ils tiennent encore à leur qualité de vie, ce qui ralenti le processus, mais pour combien de temps encore ? (...)
Ce métier de généraliste est donc très difficile ; trop difficile. L'informatique à l'usage de la médecine généraliste individuelle aurait été un outil formidable ; divers outils ont vu une ébauche de réalisation, mais les politiques en ont décidé autrement. Outils qui n'avaient rien à voir avec la philosophie de celui des politiques que l'on appelle pudiquement « logiciel d'aide à la prescription », faisant croire à un outil de médecine individuelle tournée vers le patient, alors qu'il s'agit d'un outil de médecine collective dont le seul but est de faire prescrire le générique le moins cher. Les médecins n'ont pas été dupes, et cet outil est aussi un échec supplémentaire, ce qui fait qu'il faille, pour gonfler le nombre d'adhésion, donner une prime à ceux, non pas qui utilisent cet outil, mais qui l'achètent pour pouvoir montrer la facture, sésame qui permet la prime !
Les politiques ont eu besoin de tuer les généralistes pour les transformer en officiers de santé publique afin de les utiliser pour leurs propres objectifs.
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