Le volet formation du Plan Ma santé 2022, présenté par Agnès Buzyn et la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal ce mardi, est un véritable chamboulement pour les études médicales. La suppression en 2020 du numerus clausus, vieux de 45 ans, et par conséquent du concours de Première année commune aux études de santé (PACES) devraient mettre fin à un examen uniquement basé sur les connaissances théoriques de l'étudiant. « L'enjeu est d'arrêter ce gâchis humain de la première année, où trop d'étudiants brillants sont mis en échec », nous a confié la ministre de la Santé (notre interview ici). L'enjeu est donc aussi d'améliorer le bien-être des étudiants en santé, souvent malmené, et dénoncé par les associations étudiantes depuis plusieurs années.
Des examens plus « humains »
Les épreuves classantes nationales informatisées (ECNi) en fin de 6e année, en place depuis 2004, devraient également être remplacées par une évaluation plus personnalisée de l'étudiant, sur ses connaissances mais aussi ses compétences et ses évaluations de stage. Un examen théorique, auquel il faudra avoir 10/20 pour passer au niveau supérieur, perdurera en fin de 5e et de 6e années. Il devrait être complété par une évaluation du parcours clinique de l'étudiant. Une expérience humanitaire ou une forte implication dans le service sanitaire pourra être un plus. « Il s'agira d'une procédure d'admission dans les différentes spécialités qui fera toute sa place aux connaissances mais aussi aux compétences et au parcours de l'étudiant », a précisé Frédérique Vidal lors de la présentation du plan.
Des passerelles d'entrée et de sortie des études médicales devraient ainsi être facilitées. Des étudiants de licence pourront par exemple rejoindre le cursus de médecine en deuxième, troisième ou quatrième année. Une concertation sera organisée par les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur avec les associations d'étudiants et d'internes pour déterminer avec précision les modalités de sélection qui remplaceront le numerus clausus et les ECNi. Une loi entérinera dès 2019 ces mesures.
Les étudiants prêts à s'investir dans la réforme
Les associations étudiantes et d'internes jugent plutôt d'un bon œil ces évolutions, même si tout reste à construire.
« La suppression du NC n’est pas une finalité en soi, mais la régulation et la sélection devront se faire de manière plus intelligente, observe l'Intersyndicat national des internes (ISNI). L’orientation active doit être un outil de sélection bien au-delà de la réussite ou de l’échec à un concours. »
L'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) se réjouit de « la fin d'un système déshumanisé au profit d'un procédé valorisant la diversité des profils ». L'association présidée par Clara Bonnavion salue également « l'engagement fort du gouvernement et sa volonté de remettre du sens dans nos (les) études ». Le syndicat étudiant souligne l'importance d'intégrer dorénavant aux formations initiales comme continues l'enseignement de la prévention, de la pertinence des soins, de la coopération territoriale et du virage numérique.
Les internes de l'ISNAR-IMG (internes de médecine générale) accueillent pour leur part « plutôt bien » la fin des examens et des concours théoriques. « L'enjeu sera d'assurer une cohérence entre les 2e et 3e cycles afin d'éviter le couperet actuel des ECNi », estime Maxence Pithon, président de l'ISNAR-IMG. Le conseil d'administration de l'ISNAR se réunira dès le mois d'octobre puis avec les représentants de l'ANEMF pour plancher sur les propositions que les organisations d'étudiants soumettront au ministre de l'Enseignement supérieur en vue de la future loi.
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