En 2025, les mutuelles augmenteront à nouveau leurs cotisations. Selon l’enquête annuelle de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) – portant sur 41 mutuelles représentant 18,9 millions de personnes couvertes – les contrats individuels, souscrits par 64 % des mutualistes, connaîtront une hausse moyenne de 5,3 %. L’augmentation est encore plus forte pour les contrats collectifs facultatifs (+ 6,8 %) et les contrats collectifs obligatoires couvrant les salariés par le biais de leur entreprise (+ 7,3 % en moyenne). Sur l’ensemble des contrats, l’évolution des tarifs sera de 6 % en moyenne, une hausse moins forte qu'en 2024 (+ 8,1 %), mais qui reste bien supérieure à celle observée sur la dernière décennie (+ 2,6 % par an).
La Mutualité précise que ce sont les tarifs moyens votés par les mutuelles - qu’elles appliqueront pour l’année prochaine - sans prendre en compte l’hypothèse d’un transfert de charges évoqué dans les discussions du (premier) budget de la Sécu par une hausse du ticket modérateur. Le cas échéant, les hausses de cotisations pourraient être encore plus significatives.
Manque de concertation des pouvoirs publics
Pour la Mutualité, il s’agit en tout état de cause d’une hausse « inévitable », en raison, notamment, de l’augmentation structurelle des dépenses de santé (+ 5,2 % en 2023), liées au vieillissement de la population et à l’accès à de nouveaux traitements et technologies médicales.
Mais les prestations versées par les mutuelles augmentent aussi, pesant ainsi chaque année un peu plus sur leurs finances. Progression (en volume) du remboursement du 100 % santé sur le dentaire, l’optique ou l’audiologie, revalorisations des rémunérations des soignants, nouvelles prestations, comme pour le bucco-dentaire ou de nouveaux traitements comme la bronchiolite…
La Mutualité écrit que « les dépenses remboursées par les complémentaires augmentent encore plus fortement que l’ensemble des dépenses de santé avec une nette accélération ces dernières années : + 6,4 % en 2023, après + 4,3 % en 2022. » Et ne résiste pas à tacler les pouvoirs publics qui, pour freiner les dépenses de la Sécu, « transfèrent des prises en charge vers les organismes complémentaires, sans concertation avec les acteurs du système de santé et sans transfert des leviers de gestion du risque », argumente-t-elle.
Les mutuelles, variables d’ajustement ?
Plusieurs fois épinglées pour leurs frais de gestion, notamment par les sénateurs quelques mois plus tôt, les mutuelles se défendent par la voix du président de la FNMF, Éric Chenut. « Nous comprenons que les personnes s’interrogent sur cette augmentation [de cotisations, NDLR], mais celle-ci se fait au niveau strictement nécessaire pour pérenniser la protection de tous. » Lequel poursuit, expliquant être « tributaire d’une approche unilatérale et comptable des pouvoirs publics, qui font trop souvent des mutuelles une variable d’ajustement. La réduction du déficit de l’Assurance-maladie ne sera pas réglée par les mécanismes de transferts qui ne répondent en rien aux leviers de financement et d’efficience dont nous avons besoin, désormais urgemment ».
A leur décharge, les complémentaires santé peuvent brandir des chiffres publiés mercredi par la Drees, le service statistiques des ministères sociaux. Pour la première fois depuis 2011, les complémentaires santé, toutes familles confondues (mutuelles, assurances, organismes paritaires), ont été en 2023 en légère « perte technique », leurs dépenses excédant de 0,4 % les cotisations prélevées.
Le président de la Mutualité appelle à ce qu’une approche pluriannuelle donne de la visibilité et une capacité d’anticipation à tous les acteurs du secteur, ainsi qu’à prendre réellement le virage prévention.
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