Les tarifs hospitaliers vont de nouveau baisser en 2018 et leur réduction sera moins marquée pour les établissements privés à but lucratif que pour ceux à but non lucratif ou publics, a expliqué lundi le ministère de la Santé.
Le Premier ministre avait annoncé début février que « les nouveaux tarifs hospitaliers (...) ser[aient] en baisse ». On connaît désormais l'ampleur de cette réduction. Pour la première fois depuis 2013, le secteur public sera davantage mis à contribution que les cliniques privées.
Les montants remboursés aux hôpitaux pour leurs actes de médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) vont diminuer de 0,5 %, a précisé le ministère de la Santé dans un communiqué, soulignant que cette évolution est « sensiblement plus favorable » que les années précédentes.
Le secteur public sera par ailleurs le seul à bénéficier d'une hausse des dotations pour la psychiatrie (+1,1 %) et les soins de suite (+0,7 %).
Pour le secteur lucratif, la baisse des tarifs MCO sera contenue à 0,2 %, afin de compenser la réduction du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE).
À l’inverse, le secteur privé non lucratif subira une diminution de 1 %, en raison du crédit d'impôt sur la taxe sur les salaires (CITS) créé en 2017.
Ces restrictions sont censées freiner la hausse des dépenses liées à l'augmentation du nombre d'actes. Le budget de la Sécu pour 2018 table sur une progression de 2 % pour les établissements de santé, soit 80,7 milliards d'euros au total.
Mais une partie de cette somme sera gelée dès le départ : comme l'an dernier, le gouvernement a décidé de « constituer une réserve » de 0,7 %, soit 565 millions d'euros, qui viendront s'ajouter aux baisses des tarifs.
En prenant en compte ce gel "prudentiel", la diminution atteindra 1,2 % dans les hôpitaux publics, 1,7 % dans les établissements non lucratifs et 0,9 % dans les cliniques privées.
Une menace sur l'emploi, selon la FHF
« Alors que nous avions demandé la stabilité, le gouvernement impose une nouvelle baisse », a déploré Lamine Gharbi, président de la fédération de l'hospitalisation privée (FHP, cliniques).
« Cette politique du rabot qui n'en finit pas fragilise encore les établissements de santé », a-t-il ajouté, rappelant qu'un « nombre important d'hôpitaux et de cliniques sont déjà en déficit en raison des baisses successives de tarifs ».
Ce mardi, la Fédération hospitalière de France (FHF, hôpitaux publics) a regretté que ses « alertes récurrentes après une année 2017 particulièrement difficile » n’aient pas été entendues. « La nouvelle baisse tarifaire engendrera une nouvelle aggravation du déficit des établissements publics de santé, et des tensions accrues sur l’emploi et les organisations de travail, prédit la fédération présidée par Frédéric Valletoux. Cela signifierait en théorie, que pour revenir à l’équilibre à la fin de 2018, les hôpitaux devraient supprimer 33 000 emplois. Ce qui est bien sûr inenvisageable. »
Avec AFP
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