Haro sur la liberté d’installation des médecins ! L’Association des maires de France (AMF) a assuré mercredi 22 juin que les élus locaux étaient de plus en plus tentés par des mesures de contrainte, pour attirer des médecins et lutter contre les déserts médicaux.
Le coprésident de la commission santé de l'AMF, Frédéric Chéreau, maire de Douai (Nord) a expliqué ce raisonnement. « À force de constater la détresse de leurs administrés, les maires de tous les bords sont de plus en plus prêts à des solutions assez volontaristes ». Avant de souligner que « c'est un sujet dont nous discutons beaucoup et j'ai vu les lignes bouger à l'AMF ».
Trop de Français sans médecin traitant
« Il y a quelques années, il y avait plutôt un consensus au sein de l'AMF pour dire non, pas trop de contraintes », a rappelé Frédéric Chéreau. « Mais aujourd'hui, la contrainte fait partie des sujets dont parlent les maires de plus en plus », a-t-il ajouté, précisant que « 15 % des Français n'ont plus médecin traitant »*.
« Ce n'est sans doute pas la solution parfaite. Mais nous voyons bien que nous devons être volontaristes si l'on veut des solutions à une situation qui se dégrade », a ajouté le responsable de l'AMF, convaincu que les maires peuvent « s'emparer aujourd'hui du sujet de la santé avec un fort sentiment de légitimité ».
« Nous devons être des auxiliaires nécessaires, centraux de l'État sur ce sujet », a-t-il plaidé, appelant de ses vœux « une collaboration entre un État organisateur, aménageur du territoire, et des maires qui sont l'outil indispensable à l'échelon local de la santé ».
Une liberté remise en question régulièrement
Éternel débat, la liberté d’installation des médecins est remise en question régulièrement, depuis que l’accès aux soins se dégrade et que les solutions peinent à être trouvées. Les maires n'ont pas la compétence pour mettre fin à la liberté d'installation, mais ils sont nombreux à tenter d'attirer des médecins en mettant à leur disposition des cabinets et des logements. Des mesures qui ne suffisent pas toujours pour trouver des candidats pour remplacer les médecins partis à la retraite.
Le nombre de personnes vivant dans un territoire sous-doté en médecins généralistes est passé de 2,5 millions en 2015 à 3,8 millions en 2018, en raison notamment de nombreux départs en retraite, selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees). Toujours selon la Drees, la densité de généralistes libéraux pour 100 000 habitants est passée de 93,44 en 2014 à 85,5 en 2021
* 11% selon l'Assurance maladie
(Avec AFP)
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