Ils sont pour l'heure une vingtaine à vouloir briguer l'Élysée… Pourtant, à moins de trois mois des élections, les propositions en matière de santé sont loin d'être légion dans le programme des candidats déclarés.
Ce manque de propositions n'a pas échappé à l'œil affûté des syndicats de médecins libéraux français. « Nous avons déjà rencontré quelques équipes de campagne, mais l'impression globale que nous avons est que les candidats ont peu de propositions en matière d'accès aux soins », regrette le Dr Jacques Battistoni, président de MG France.
Pour lui, la campagne électorale est pourtant « un moment propice » pour « mettre sur le tapis » les nombreuses problématiques qui entourent la profession.
Un médecin traitant pour chaque Français
C'est en partie pour cette raison que le premier syndicat de médecins généralistes a présenté, ce jeudi 20 janvier, une liste de propositions pour la présidentielle.
Dans ses « 20 recommandations pour renforcer l'accès aux soins et améliorer la santé de toute la population », le Dr Jacques Battistoni estime que pour redynamiser l'attractivité de la profession une amélioration des conditions de travail des médecins est indispensable : « Il faut permettre aux jeunes médecins de travailler dans un environnement attractif. Il faut qu'ils soient entourés de collaborateurs tels que les assistants médicaux, les secrétaires, les infirmiers Asalée ou les infirmiers en pratique avancée (IPA) pour leur permettre de gagner en temps médical. »
Prenant l’exemple des assistants médicaux, concept défendu depuis plusieurs années par son syndicat, le Dr Jacques Battistoni a souligné que « les 2 000 contrats signés d’assistants médicaux avaient déjà permis à 450 000 patients de trouver un médecin traitant. »
« C’est un levier important et extrêmement prometteur pour permettre aux médecins de prendre plus de patients », a-t-il renchéri.
Une fois l’« offre de soins étoffée » grâce au réseau de collaborateurs autour du médecin, le Dr Jacques Battistoni plaide pour instaurer une quatrième année professionnalisante. Selon l'organisation syndicale, ce système pourrait permettre « l'exercice en autonomie de 3 400 internes tous les ans », un moyen supplémentaire pour consolider l'offre de soins et attirer de nouveaux médecins dans les zones sous-dotées.
Enfin, pour « améliorer la santé de toute la population », MG France revendique la suppression du ticket modérateur en soins primaires.
« C'est une question qui doit être posée dans le cadre du débat présidentiel. Trop de patients, âgés, avec une petite retraite ou malades, renoncent à des soins en raison de restes à charge trop élevés », déplore le Dr Jacques Battistoni.
Développer le partenariat entre élus locaux et généralistes
Faisant également le constat que « trop souvent des initiatives dissociées » en matière d’accès aux soins sont opérées au sein des territoires, le Dr Jacques Battistoni a appelé « à un partenariat étroit entre élus locaux et professionnels de santé, au premier rang desquels les généralistes ».
« Élus locaux et généralistes doivent réfléchir ensemble pour co-construire l’accès aux soins des territoires. Nous attendons notamment des élus qu’ils nous aident à trouver la bonne implantation pour nos locaux (cabinets, maisons de santé…) », a-t-il étayé.
Selon MG France ce lieu de coordination, de réflexion et de dialogue n’est autre que la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS).
Forfait santé publique et doublement du nombre d’enseignants
Et, alors que la crise sanitaire a mis en évidence le rôle prépondérant des généralistes dans les actions de santé publique, le président de MG France appelle à une meilleure reconnaissance de leur rôle.
« De nombreux médecins développent des compétences sur le terrain et participent à des actions de prévention. Nous souhaitons que la prochaine convention médicale reconnaisse ce rôle et transforme la Rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) en véritable forfait santé publique », a indiqué le généraliste.
Sur un tout autre sujet, MG France souhaite doubler le nombre de professeur en médecine générale. « Nous comptons aujourd'hui environ un professeur pour 83 étudiants. Mais depuis des années rien ne bouge ! Nous pourrons réformer notre système de santé seulement si nous considérons la formation initiale et continue comme un levier de changement », a-t-il prévenu.
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