Il y a trois ans, dans le cadre d’une expérimentation article 51, l’Assurance maladie avait déployé dans trois départements le dispositif « Mission : retrouve ton cap ». Lancé dans le Nord-Pas-de-Calais, La Réunion et la Seine-Saint-Denis, entre janvier 2018 et fin décembre 2020, ce dispositif permet une prise en charge pluridisciplinaire des enfants de 3 à 12 ans à risque d’obésité, en surpoids ou en obésité non complexe. Ce vendredi 25 novembre, l’Assurance maladie annonce la généralisation nationale du programme.
« La prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’enfant et l’adolescent, avant la crise sanitaire, bien que stable, était déjà trop élevée », explique l’Assurance maladie. D’après l’étude Esteban en 2015, 17 % des enfants de 6 à 17 ans étaient en surpoids, dont 3,9 % en situation d’obésité. Et la crise sanitaire a contribué à dégrader ces chiffres. Une étude réalisée dans le Val-de-Marne montre que le surpoids et l’obésité des enfants de moyenne section du département ont augmenté significativement durant la crise sanitaire, passant de 2,8 % à 4,6 % en 2020-2021 par rapport aux deux années scolaires précédentes.
L’Assurance maladie rappelle également que l’accompagnement pour la prise en charge du surpoids et de l’obésité chez l’enfant et l’adolescent doit tenir compte de l’environnement familial et social des jeunes concernés car « 75 % des enfants en surpoids ou en obésité sont en effet issus des catégories populaires et inactives ».
Trois bilans et six consultations de suivi
Le dispositif « Mission : retrouve ton cap » a donc vocation à prendre en compte ces éléments. Il propose une prise en charge « précoce, pluridisciplinaire et gratuite, sur prescription médicale, pour les enfants de 3 à 12 ans révolus à risque d’obésité, en surpoids ou en obésité non complexe, au sein de centres de santé et maisons de santé pluri-professionnelles conventionnés et référencés auprès de leur caisse », détaille l’Assurance maladie.
Le programme peut s’étendre sur deux ans et se compose de trois bilans : un diététique, un psychologique, un d’activité physique. Il propose aussi six séances de suivi nutritionnel et/ou psychologique, renouvelables deux fois via une nouvelle prescription.
L’Assurance maladie précise que le médecin de l’enfant peut prescrire l’entrée dans ce dispositif pour : les enfants qui ont un IMC supérieur ou égal au seuil IOTF 25 ou au 97e percentile des courbes de corpulence française et ceux présentant des signes d’alerte sur leur courbe de corpulence, c’est-à-dire « un rebond d’adiposité précoce (avant 5 ans et particulièrement si avant 3-4 ans) » ou « un changement rapide de couloir vers le haut sur la courbe de corpulence ».
Sur une ordonnance classique ou dédiée, il prescrit la prise en charge pluridisciplinaire et oriente la famille vers un centre de santé ou une MSP référencés. « Le choix de la structure appartient à la famille. La liste des structures référencées par département sera disponible prochainement sur le site ameli.fr », précise l’Assurance maladie.
C’est le médecin traitant de l’enfant qui coordonne la prise en charge. Il reçoit des comptes rendus réguliers de la structure choisie pour le dispositif et renouvelle si besoin la prescription.
153 structures déjà intégrées
La généralisation du dispositif survient après une évaluation de l’expérimentation qui a montré les résultats positifs du programme.
D’après ce rapport, plus de 2 000 enfants ont intégré « Mission : retrouve ton cap » dans une cinquantaine de structures. Près de 1 150 médecins, dont 92 % de médecins généralistes, ont prescrit le dispositif.
« Dans 9 cas sur 10, cet accompagnement a permis à des enfants en situation de surpoids ou d’obésité, d’accéder pour la première fois à une prise en charge de leur situation », explique l’Assurance maladie.
70 % de ces enfants étaient déjà en situation d’obésité au moment de leur inclusion et 71 % résidaient dans une commune située à 5 km ou moins d’une structure de prise en charge. 52 % des enfants ont vu leur situation s’améliorer. 82 % des enfants ont au moins modifié une habitude de vie : 55 % des enfants mangent moins souvent entre les quatre principaux repas, 43 % mangent plus souvent des fruits et des légumes, 44 % prennent moins souvent des boissons sucrées à l’occasion des repas.
Le 14 novembre, un arrêté a été publié avec le cahier des charges pour les structures qui veulent intégrer le dispositif et le nom des 153 qui en font déjà partie.
Les structures référencées seront rémunérées par l’Assurance Maladie via un forfait pour la prise en charge de chaque enfant. Elles peuvent aussi bénéficier d’une valorisation dans le cadre des avenants à l’ACI MSP et à l’accord national CDS.
À partir de fin novembre 2022, les délégués de l’Assurance maladie présenteront également le programme aux médecins potentiellement prescripteurs. Plusieurs outils dédiés vont aussi être mis en place à destination des familles et des professionnels de santé : flyer, affiche promotionnelle, mémo de présentation, liste des structures ou encore un logigramme pour présenter les principes de repérage du surpoids et de l’obésité infantiles, et les différents niveaux d’orientation et de prise en charge.
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