Face à la crise qui touche l'ensemble du système de soins français, le président de la République a fait plusieurs annonces au monde de la santé, à l'occasion d'un déplacement au Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes (Essonne), ce vendredi 6 janvier.
Comme l'avait mentionné l'entourage du président quelques jours plus tôt, des annonces « très concrètes » devaient être faites par Emmanuel Macron lors de cette journée de présentation de vœux « aux acteurs de la santé, hospitaliers et libéraux ».
Attentes fortes des médecins libéraux
Cette allocution était donc très attendue par les professionnels de santé et notamment par les médecins libéraux, en grève depuis plusieurs semaines (à travers des mouvements de contestation protéiformes) pour réclamer de meilleures conditions d'exercices ainsi qu'une augmentation du tarif des consultations.
Pourtant, malgré cette situation de fortes tensions, le chef de l'État n'a pas donné de réels gages à la profession, indiquant seulement qu'il était prêt à mettre des moyens pour la profession. À l'aube d'une nouvelle convention médicale, la revalorisation de la consultation de base, le C, est pourtant un point de crispation chez de nombreux omnipraticiens…
Lors de son intervention et après avoir annoncé plusieurs mesures qui concernent directement l'hôpital (sortie de la T2A et de « l'hyper rigidité des 35 heures » notamment), le président de la République a tout de même fait quelques annonces pour la médecine de ville.
Accélérer le recrutement des assistants médicaux
Le président de la République a notamment affirmé son objectif de faire « gagner du temps médical » aux médecins en « accélérant le recrutement des assistants médicaux ».
« Aujourd'hui, nous avons 4 000 assistants médicaux sur le territoire, l'objectif est que nous arrivions à 10 000 d'ici la fin de l'année 2024 », a insisté le chef de l'État.
Selon lui, « les médecins généralistes doivent pouvoir se concentrer sur la santé et rien que sur la santé ». La généralisation des assistants médicaux participera, selon lui, à « valoriser le rôle » du médecin de famille.
Pour rappel, lors du lancement du Conseil national de la refondation (CNR) au Mans début octobre, le ministre de la Santé et de la Prévention François Braun avait déjà annoncé vouloir porter le nombre d'assistants médicaux à 10 000 d'ici 2025. Cette promesse est donc avancée d'un an.
Permanence des soins, libéralisation de la télémédecine…
Appelant à bâtir « un nouveau pacte avec la médecine libérale » fondée sur « les droits et les devoirs », le chef de l'État a aussi promis une meilleure rémunération « des médecins qui prennent en charge la permanence des soins ».
« L'effort financier des négociations conventionnelles sera orienté là-dessus (...) car les Français doivent pouvoir trouver facilement un médecin de garde », a-t-il estimé affirmant qu'« une tarification qui n'est qu'à l'acte n'est pas ce qu'il y a de plus juste ».
Par ailleurs, « il faut mieux rémunérer celles et ceux (les médecins, ndlr) qui sont prêts à former des jeunes, à prendre de nouveaux patients et à participer à une offre de soins sur le territoire », a ajouté le chef de l'État, sans préciser toutefois les modalités tarifaires de cette mesure.
Du côté de la télémédecine, Emmanuel Macron a dit vouloir « simplifier » la télémédecine en supprimant le seuil qui « contraint » les médecins à ne pas réaliser, sur une année civile, plus de 20 % de leur volume d'activité à distance (téléconsultations et téléexpertises cumulées).
Le président a aussi appelé à une simplification et une généralisation « de la délégation d'actes » des médicaux vers les paramédicaux ou les pharmaciens.
« Nous permettrons aux Français d'avoir recours à d'autres professionnels de santé pour des renouvellements d'ordonnance pour les maladies chroniques, pour la vaccination, pour le dépistage, pour l'éducation thérapeutique qui doivent pouvoir être réalisés par des pharmaciens, par des sages-femmes, par des infirmiers et infirmières (...) Il ne faut pas qu'il y ait de conflits entre les professions (...) », a-t-il insisté.
Médecin traitant pour les 600 000 personnes en ALD et responsabilisation des patients
Lors de son allocution, Emmanuel Macron a par ailleurs promis que « les 600 000 patients avec une maladie chronique se verront proposer un médecin traitant avant la fin de l'année ». « Quand il n'y a pas suffisamment de temps de médecins (sur un territoire), il faut qu'au moins les médecins puissent déléguer à des paramédicaux. Mais il ne faut plus qu'on n'ait des patients qui n'aient accès à personne », a-t-il soutenu.
Enfin le président de la République a annoncé qu'un travail serait engagé avec l'Assurance maladie « pour responsabiliser les patients lorsqu'un rendez-vous ou plusieurs ne sont pas honorés ou lorsqu'il y a des recours abusifs à des soins non programmés ».
« Comme la santé n'a plus de prix pour beaucoup de nos compatriotes, elle n'a plus de valeur. Et je le dis, trop de temps médical est gaspillé par un excès d'imprévoyance et de désinvolture », a appuyé le chef de l'État.
Reste désormais à savoir si ces annonces « très concrètes » pourront apaiser la colère des généralistes et les mouvements de grèves engagés depuis mi-octobre…
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes